Créateur : Bill Lawrence
Produit par : Neil Goldman et Garrett Donovan
Actrices et acteurs principaux : Zach Braff, Sarah Chalke, Donald Faison, Judy Reyes, John C. McGinley, Ken Jenkins, Neil Flynn
Mon poste au foot : défenseur ou gardien
Années de diffusion : 2001-2010
Où le voir : Disney+
Synopsis officiel : J.D., Turk et Elliot font leur internat de médecine à l’hôpital du Sacré Coeur. Ils y découvrent que la vie n’y est pas facile et se retrouvent bien souvent dans des situations des plus loufoques.
À l’hôpital du Sacré Coeur, des hommes et des femmes se démènent corps et âme pour soigner les patients. Médecins, chirurgiens ou infirmières, de l’interne au chef de service, ils sont toujours là, dans les bons et dans les mauvais moments. Je suis parti à la rencontre de ces Scrubs.
Des chirurgiens reconnaissables à leur uniforme vert et des médecins en bleu ont, l’espace d’un instant, délaissé leurs blouses médicales, ou leurs scrubs comme ils aiment les appeler, usant de l’argot américain, pour s’affronter au basket. Non loin de là, un homme d’âge mûr les observe depuis un banc tout en mangeant un sandwich. Lorsque j’arrive sur le parking du Sacré Coeur, la scène me paraît surréaliste. Je m’attendais à voir le personnel courir partout et je me retrouve témoin d’un de ces moments hors du temps. Durant quelques minutes, ces hommes et ces femmes oublient l’intérieur des murs pour s’évader, dans le sport ou dans leurs pensées. Une bulle que je me refuse d’éclater en me glissant par la porte coulissante sans me faire remarquer.
Encore surpris par ce premier contact avec l’hôpital, je manque de me cogner contre un géant armé d’une serpillière. Il se retourne et me regarde l’air mauvais, me promettant crime et châtiment si je salis son sol avec mes chaussures. Je tente de m’excuser fébrilement, mais heureusement pour moi, le concierge m’a déjà oublié. Il semble être parti suivre un jeune médecin. Drôle de type.
À l’accueil, on connaît déjà les raisons de ma présence et je suis reçu par une infirmière nommée Carla. Cheveux mi-longs noirs et bouclés, d’origine portoricaine a priori et un sourire extrêmement chaleureux, elle transpire la bienveillance, mais semble être également quelqu’un qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Elle me dit l’essentiel : j’ai accès à tout l’hôpital (sauf le bloc opératoire) tant que je ne gêne ni le personnel, ni les patients.
![[Reportage] Scrubs, derrière la blouse [Reportage] Scrubs, derrière la blouse](https://crossovor.linfotoutcourt.com/wp-content/uploads/elementor/thumbs/scrubs-crossovor-2-peg1yu3do8jtfghzzxjjfclfvmof0mrffyp32w6itw.jpg)
Mon autorisation n’est valable que 24 heures. Amplement suffisant vu que quand on visite un hôpital, on a l’impression de toujours tomber dans le même lieu de drame et de coucheries. Qu’on s’appelle House ou Grey.
Je commence tranquillement par arpenter les couloirs blancs, jetant un œil ici et là. En passant devant une chambre, qui avait la porte ouverte, j’entends une voix féminine, particulièrement stridente et volubile. Je ne comprends qu’un mot sur deux, mais les médecins semblent dire qu’ils ont trouvé des traces de pesticides dans son organisme. L’échange aura à peine duré quinze secondes que les deux docteurs sortent de sa chambre. Le plus grand, la quarantaine tassée, physiquement imposant, ne m’aperçoit même pas. Le second, un jeune tout en bleu (uniforme des internes en médecine générale), semble perdu dans ses pensées. Je le reconnais, c’est celui que le concierge suivait. Je vais faire de même ; le meilleur moyen d’avoir un reportage complet sur le quotidien des scrubs est encore d’en accompagner un. Le grand, Dr. Cox si j’en crois sa blouse, se retourne et me fusille du regard tout en expirant très fort. Il en faut plus pour m’effrayer et je décide de continuer en leur compagnie. Dix mètres derrière.
Si je devais décrire mon interne, je dirais qu’au-delà de son visage juvénile et le pot de crème qu’il doit mettre sur ses cheveux, il a bon cœur. Il m’a suffi de le voir à l’œuvre durant sa ronde pour que J.D., ou Elizabeth comme l’appelle le Dr. Cox, respire l’empathie auprès de ses patients. Par contre, il a un sérieux problème d’attention. Toutes les cinq minutes, il regarde vaguement en l’air, comme s’il se plongeait dans un monde imaginaire. Le genre de type qui doit se faire de sacrés monologues intérieurs. Décidément, cet hôpital est rempli de phénomènes. Mais c’est ce qui les rend peut-être si attachants.
![[Reportage] Scrubs, derrière la blouse [Reportage] Scrubs, derrière la blouse](https://crossovor.linfotoutcourt.com/wp-content/uploads/elementor/thumbs/scrubs-crossovor-3-peg1ywww8qnoeadwjgrf4tvtnsainq2mgcnjiq2cb8.jpg)
En parlant de phénomènes, une tornade d’anxiété blonde vient de bousculer J.D. Je ne sais pas s’il s’est passé quelque chose entre ces deux-là, mais cette seconde interne lui en veut a priori. Même si J.D. fait semblant de ne pas être touché, on sent que cette Elliot (comme dans E.T.) compte beaucoup pour lui.
Je n’étais pas au bout de mes surprises en suivant mon héros du jour. Un avocat dépressif, un directeur se goinfrant de muffins, une femme dont le simple regard vous plonge plus bas que terre, un chirurgien idiot et obsédé, un interne maladroit au possible… à croire que les vrais malades ne sont pas ceux sur les lits.
![[Reportage] Scrubs, derrière la blouse [Reportage] Scrubs, derrière la blouse](https://crossovor.linfotoutcourt.com/wp-content/uploads/elementor/thumbs/scrubs-crossovor-4-peg1z1m36wu40c72s0sjzap4mpncq7la4zwyx3vdg4.jpg)
Et tandis que je ne savais plus où donner de la tête, je me surprenais à en apprécier chaque moment, chacun à sa manière. Turk et Carla annonçant un enfant, la vulnérabilité d’un Dr. Cox réalisant la mort d’un ami, J.D. déclarant à Eliott qu’il l’aimait plus que Turk (ce qui n’est pas une petite déclaration croyez-moi), le concierge créant un groupe de playback, l’avocat chantant a cappella…
Sans oublier les patients qui arrivaient avec leur propre histoire, leur propre folie, mais aussi leur propre tragédie. C’est comme si, entre deux éclats de rire, on percevait les leçons à tirer de chacun de ces épisodes de vie. Loin d’être uniquement drôles ou tristes, ces leçons nous poursuivent loin de l’hôpital parce qu’elles parlent avant tout de l’humain derrière la blouse. Un homme ou une femme qui pourrait être eux, vous, moi, surtout moi.
![[Reportage] Scrubs, derrière la blouse [Reportage] Scrubs, derrière la blouse](https://crossovor.linfotoutcourt.com/wp-content/uploads/elementor/thumbs/scrubs-crossovor-5-peg1z4flrexyz62zbk0forziev9gdawh5dvfcxr6xg.jpg)
La soirée bien entamée, je décidais de mettre fin à cette folle journée en me dirigeant vers l’ascenseur. C’est là que je les vis. Turk et J.D. Se tenaient dans une chambre, bien après la fin de leur service, au chevet d’un vieux patient aux portes de la mort. Ces deux jeunes gens qui avaient l’avenir devant eux venaient de le mettre en pause pour accompagner un homme qui n’en avait plus. C’est là que ça m’a frappé. Si j’ai tant aimé cette journée auprès des scrubs, ce n’est pas pour leurs compétences professionnelles ou leurs histoires personnelles. C’est parce qu’ils ont un cœur aussi grand que le nom de l’hôpital. J.D., Turk, Carla, Elliot, le Dr.Cox, le Dr. Kelso, le concierge, Jordan, Todd, Laverne, Doug, Ted, au cours de ces dernières heures, je les ai vu rire, rêver, pleurer, se chamailler, se détester, se réconcilier, mais surtout, je les ai vu aimer. Un amour sincère, communicatif, pour leurs collègues et pour leurs patients.
Je ne sais pas comment tout finira pour eux, mais j’espère sincèrement qu’au moment de retirer le rideau, ils y auront vu un avenir radieux.