Réalisateur : James Cameron
Scénaristes : James Cameron, Rick Jaffa, Amanda Silver
Actrices et acteurs principaux : Sam Worthington, Zoé Saldana, Sigourney Weaver, Stephen Lang, Kate Winslet.
Le prénom de mon premier cheveu blanc : Kevin
Date de sortie : 14 décembre 2022
Où le voir : dans les salles
Synopsis officiel : se déroulant plus d’une décennie après les événements relatés dans le premier film, le métrage raconte l’histoire des membres de la famille Sully (Jake, Neytiri et leurs enfants), les épreuves auxquelles ils sont confrontés, les chemins qu’ils doivent emprunter pour se protéger les uns les autres, les batailles qu’ils doivent mener pour rester en vie et les tragédies qu’ils endurent.
Avatar : la voie de l'eau est enfin sur nos écrans et si le courant est plutôt à l’engouement massif, la liberté d'opinion permet à quelques avis discordants de s'exprimer. À raison, mais peut-être aussi à tort.
Tantôt, il m’est déjà arrivé de faire un article autour de l’inutilité de la critique. Que Marie se rassure, je n’ai pas l’intention de recommencer avec Avatar : la voie de l’eau. Non, je veux parler ici de l’inutilité d’être critique. Et ainsi née la nuance.
Il n’aura échappé à personne que le second volet de la saga de James Cameron vient de débarquer sur les écrans de cinéma. Oui, après treize ans on est de retour sur Pandora et si on en croit la majorité journalistique et publique, le film est une vraie réussite. Mais est-ce que cela veut pour autant dire que la majorité à raison ? Si le plus grand nombre pointait toujours la bonne direction, de nombreux navets n’auraient jamais eu de suite.

Il n’a d’ailleurs pas fallu longtemps (environ 10 secondes après la publication d’un premier avis positif) pour voir quelques personnes affirmer haut et fort qu’Avatar : la voie de l’eau est bien fichu, mais que ça ne vaut pas une bonne raclette. Est-ce qu’on leur aurait trop vanté le film, créant ainsi une forme de déception entre l’attente et la réalité ? Est-ce qu’ils aiment juste naviguer à contre-courant par rébellion lorenzolamasienne ? Ou est-ce qu’ils ont tout simplement raison, rien ne valant finalement une bonne raclette ?
Ce rêve bleu
Je me suis penché sur la question et, en bon philosophe sans diplôme ni compétence, je peux l’affirmer : ils ont tort. Non pas qu’ils ne puissent pas trouver le métrage à la hauteur de leurs exigences cinématographiques, mais parce que Avatar : la voie de l’eau apporte quelque chose au cinéma qu’on ne devrait ni renier, ni critiquer.
J’en conviens, ce qui suit est purement subjectif et il y en aura forcément beaucoup pour me renvoyer dans les cordes, mais je pense que le film de James Cameron doit être vu avec une innocence qui nous a abandonnés depuis qu’on sait qui est Clara Morgane.
Avatar : la voie de l’eau, comme son aîné avant lui, nous emmène dans un autre monde, celui de Pandora. Mais contrairement à son prédécesseur, la présence humaine est, ici, réduite au maximum. Cette dernière servait surtout, dans Avatar premier du nom, à nous impliquer dans l’histoire et nous expliquer la nouvelle planète et son système. Mais puisque tout ceci est désormais intégré, La voie de l’eau peut pleinement s’intéresser aux autres facettes de cet univers par l’intermédiaire des Na’vi. Alors loin de moi l’idée de partir sur une analyse plus explicative, justement parce que mon point d’accroche se situe là : Avatar 2 nous invite à abandonner notre carapace humaine pour naviguer pleinement avec ses grands bleus.

C’est une incitation au lâcher-prise, à mettre de côté notre esprit cartésien pour se laisser emporter par la magie des images. Une incitation à retrouver notre âme d’enfant, imaginant des mondes, des histoires entre deux biscuits Pepito. À mon sens, Avatar : la voie de l’eau est la personnification de ce qui m’a fait aimer le cinéma : sa capacité à créer le rêve.
Attention, je ne prétends pas que le film se montre exempt de défauts et il y en a bien d’autres que je préfère à lui, mais il parvient à réintroduire un sentiment qu’on a trop souvent oublié : celui de rendre l’impossible réel. Pendant plus de trois heures, je me suis évadé. Évadé de la froideur de l’hiver, de la guerre en Ukraine, de l’inflation, des idiots… Pendant plus de trois, heures j’ai oublié la vie, la réalité et je suis redevenu un rêveur. Je crois sincèrement que c’est le but de La voie de l’eau et que c’est la seule bonne façon de le voir.
Avatar et le cinéma
Néanmoins, je peux comprendre que mes arguments peuvent paraître désuets à celui qui aurait laissé son enfance dans un placard sous l’escalier. Alors en voici un autre bien plus matériel : depuis combien de temps n’avions nous pas vu un film souligner autant l’importance du cinéma ?
Si tu fréquentes les salles Pathé Gaumont, tu auras sans doute déjà vu la pub « les grands films méritent de grands écrans ». Si la pub pouvait faire rire lorsqu’elle était couplée avec Jack Mimoun, qui peut nier la valeur du grand écran et de l’équipement qui va avec pour Avatar : la voie de l’eau ?

Amoureux de la technologie, James Cameron n’a pas manqué d’user de tous les artifices (caméra 3D sous-marine, HFR…). Les salles obscures se devaient évidemment de se mettre au niveau en termes de projection. Alors, ton expérience dépendra également beaucoup de celle proposée par ton cinéma (Dolby Cinema, 4DX, Imax…), mais cela fait très longtemps que je ne me suis pas fait la réflexion qu’un visionnage dans mon salon m’enlèverait 80% (à minima) de la qualité de l’oeuvre. J’en suis à me demander si j’achèterais le film en support physique à sa sortie tant mon équipement ne lui rendrait absolument aucune justice. Alors que dire sur mon téléphone…
Avatar : la voie de l’eau permet à la fois de montrer la nécessité des salles obscures dans nos vies et de retrouver leur utilité première en nous coupant du monde l’espace d’un instant. Ça vaut bien que, pour une fois, on se laisse aller à un peu d’enthousiasme.
Argument bonus pour les plus récalcitrants : imaginez la joie de Sam Worthington de retrouver un rôle de tête d’affiche.