Réalisateur : Jaume Collet-Serra (et Dwayne Johnson)
Scénariste : Adam Sztykiel et Rory Haines (et Dwayne Johnson)
Actrices et acteurs principaux : Dwayne Johnson, Pierce Brosnan, Dwayne Johnson, Aldis Hodge, Dwayne Johnson
Mon film préféré avec Dwayne Johnson : Fast and Furious 7
Date de sortie : 19 octobre 2022
Où le voir : Cinéma
Synopsis officiel : Dans l’antique Kahndaq, l’esclave Teth Adam avait reçu les super-pouvoirs des dieux. Mais il en a fait usage pour se venger et a fini en prison. Cinq millénaires plus tard, alors qu’il a été libéré, il fait régner sa conception très sombre de la justice dans le monde. Refusant de se rendre, Teth Adam doit affronter une bande de héros d’aujourd’hui qui composent la Justice Society – Hawkman, le Dr Fate, Atom Smasher et Cyclone – qui comptent bien le renvoyer en prison pour l’éternité.

Si l'idée de mettre Dwayne Johnson dans un costume moulant a de quoi faire frétiller du popotin n'importe quel studio avide de se remplir les poches, Black Adam a prouvé que l'un des acteurs les plus populaires d'Hollywood avait bien un super-pouvoir : la force ? Les éclairs ? Non, l'auto-glorification.

Petite expérience à réaliser parmi tes proches qui ont vu Black Adam : demande-leur ce qu’ils retiennent du film. Dans l’écrasante majorité, on te dira : sa scène post-générique. En effet, ce n’est plus un secret pour personne, la séquence voit revenir celui dont on n’espérait plus le retour sous la cape : Henry Cavill en Superman. Avec les multiples changements de direction à la tête de Warner Bros et la mise à l’écart de Snyder, on désespérait de voir l’acteur ré-afficher le S sur sa poitrine hormis un chant du cygne tardif avec la Justice League revue et corrigée façon Zack. 

Pour être honnête, je suis le premier enthousiasmé par cette nouvelle. Je trouve que Cavill campe un excellent fils de Krypton et qu’il n’avait pas eu la chance de déployer encore tout son potentiel. D’autant que cette courte apparition ne restera pas sans suite, comme l’a confirmé l’acteur, avec moult projets autour de Sup’ dans le nouveau DC Universe relancé depuis la fusion du studio et Discovery. 

Black Adam : Dwayne Johnson, un vrai super-ego ?
Quand on revoit Henry Cavill en Superman © Warner Bros.

Non, mon problème vient de la personne responsable de cette bonne surprise. Un catcheur que j’appréciais, un comédien qui en imposait, mais qui, avec le temps, a commencé à dévoiler son vrai visage : non un homme, mais une marque. La marque Dwayne Johnson.

Origin Story

Revenons tout d’abord sur le film lui-même. Je ne vais pas me lancer dans une critique complète (déjà faite), mais quiconque l’a vu s’est rendu compte de deux choses, qu’on ait aimé ou non le visionnage : Black Adam n’est pas un méchant et Dwayne Johnson est partout. Entendons par là que même si l’acteur joue sourcils froncés, rarement un long-métrage de super-héros aura autant glorifié non pas le super, mais son interprète. L’ensemble du scénario tourne autour de sa tête d’affiche, y compris le peu de fois où il n’apparaît pas à l’écran. Il est la cause, l’enjeu, le problème et la solution. Comme si avoir Dwayne Johnson en rôle principal suffisait à faire un film digne de ce nom.

Logique de production voulant surfer sur la popularité du Rock jusqu’à plus soif ? Et si la réalité était tout simplement que l’homme n’a aucune envie qu’on lui vole la vedette et que dans cette optique, il ne laisserait rien n’y personne se mettre sur sa route ? Comme Black Adam en somme.

Parce qu’il ne faut pas oublier que derrière ce colosse musculeux, affichant constamment un sourire de dix mètres sur dix, se cache un redoutable businessman qui a bâti sa réputation de héros bien avant les super-pouvoirs. Depuis plusieurs années, chacun de ses films reprend un peu la même image du bonhomme : invincible, charismatique, positif, altruiste, séducteur asexué (il peut embrasser, mais ça ne finira pas au lit). Dans la vie comme à l’écran, Dwayne Johnson se doit d’être un exemple à suivre pour toutes les familles, peu importe leurs convictions. Une position lisse, rassembleuse. Alors quand il incarne un anti-héros / super-méchant de l’univers DC, le masque tombe très vite et la seule chose de noir chez Adam, c’est son costume.

Black Adam : Dwayne Johnson, un vrai super-ego ?
"Que c'est bon d'être moi" © Warner Bros.

Une position de héros qu’il tient également en affaires puisqu’il ne se le cache pas : depuis qu’il s’est intéressé au projet, celui qui en est devenu le producteur a dicté sa ligne de conduite. Exit Shazam, prévu à l’origine dans un film conjoint, il a suffi « d’un coup de fil » (dixit l’acteur dans une interview à Vanity Fair) pour que Black Adam obtienne son propre métrage. Ne nous mentons pas, nul doute que pour Johnson, Shazam – et encore plus son interprète à l’écran (brave Zachary Levi) -, n’a pas la stature pour fouler le même sol que lui. Et cela, malgré le fait qu’ils soient ennemis jurés dans les comics. Non, Dwayne a besoin d’un poids lourd. Le plus lourd.

Black Adam et White Johnson

C’est ainsi qu’on en revient à Superman. Qui d’autre mérite d’affronter Black Adam que le plus puissant personnage de DC ? Un affrontement qui n’a pas encore eu lieu (et qui normalement ne devrait pas avoir lieu puisqu’Adam fait le bien ici.), mais qui ne saurait tarder puisque The Rock l’a promis : Cavill et lui vont beaucoup se croiser dans le futur du DC Universe.

On a raté un épisode ? Ce n’est déjà plus le nouvellement nommé James Gunn qui se trouve à la barre de DC Studios ? Dwayne Johnson semble si convaincu du futur de Black Adam et de Superman qu’on finit par se le demander…

Black Adam : Dwayne Johnson, un vrai super-ego ?
"C'est qui le patrooooooonnnnn ?!!!" © Paramount Pictures

Je rigole. Évidemment que l’acteur sait de quoi il parle puisqu’il l’a dit lui-même pour promouvoir son film : « L’équilibre des forces chez DC va changer ». Sauf qu’à l’époque, on croyait qu’il parlait de Black Adam, pas de lui-même. Parce qu’en réalité, l’acteur a passé son temps à se positionner en chevalier blanc, celui qui réalise le rêve des « vrais fans » (ceux à qui on doit Star Wars IX ?). C’est ainsi qu’il a répondu sur Twitter au retour officiel de Cavill :

« Nous nous sommes battus pendant des années pour te ramener. Ils ont toujours dit non. Mais pour nous, non n'était pas une option. Nous ne pouvons pas construire notre DCEU sans le plus grand super-héros du monde. Et les fans passeront toujours en premier. Bienvenue à la maison. On se reverra sur la route ».

Les éléments de langage sont intéressants. Il précise bien qu’il a participé activement au retour de Sup’ et qu’il n’a laissé personne lui dire non. Il s’inscrit également en tête pensante de la construction du futur DCEU, le « notre », c’est-à-dire surtout le sien. Dans d’autres interviews, il n’a pas manqué de raconter comment il était l’instigateur de cette scène post-générique et qu’il avait mouillé le maillot pour l’imposer. Merci qui ? Merci Dwayne Johnson. Dans son jeu de pouvoir, il implique qui il a envie d’impliquer pour montrer qui domine, que ce soit chez DC ou dans leurs films ; en s’assurant au passage le soutien des vrais décideurs : les fans. Aucune subtilité derrière ce sourire de façade, mais tout le monde n’y verra que du feu tant qu’on leur donne ce qu’ils demandent.

Au fait, cela ne te rappelle-t-il pas quelqu’un ? Si, tu sais bien, cet acteur avec lequel Dwayne Johnson s’est fâché, estimant qu’il avait un trop gros ego. Celui qui ne peut pas parler d’un Fast and Furious sans parler au nom de feu Paul Walker, comme s’il n’était que le bras armé des souhaits de son défunt ami. On s’est trompés, le conflit opposant Vin Diesel à The Rock n’est pas sur la taille du biceps, mais sur celle du melon.

Black Adam : Dwayne Johnson, un vrai super-ego ?
Boulard et Boulard @ Universal Pictures

Il semblerait donc qu’après l’échec du Snyderverse, le DCU se dirige vers un Johnsonverse. Il convient néanmoins de rappeler que Black Adam culmine actuellement aux alentours de 320 millions de billets verts dans le monde ; qu’il a connu la même baisse de fréquentation dans les salles américaines en deuxième semaine que ses précédents copains ; et qu’il ne devrait à peine dépasser, sauf surprise, les 400 millions en fin de course, surtout avec l’arrivée de Black Panther : Wakanda Forever. Je ne sais pas ce qu’il en est de l’équilibre des forces chez DC, mais au box-office, la tendance penche plutôt du côté d’une belle gamelle.

Alors certes, un résultat commercial qui ne devrait pas non plus le priver de ses futurs projets pour le DCU, surtout avec la promesse affichée en fin de film. Mais il est amusant d’anticiper qu’il devrait faire à peine mieux que les 365 millions de dollars de Shazam (pour un budget plus conséquent, donc l’un dans l’autre…). Le karma, sans doute.

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