Créatrice : Vanessa Ramos
Produit par : Netflix
Actrices et acteurs principaux : Randall Park, Melissa Fumero, Madeleine Arthur, Tyler Alvarez
Mon café au Starbucks : Un café Latte
Années de diffusion : 2022
Où la voir : Netflix
Synopsis officiel : Les dessous de Blockbuster, la dernière franchise de boutiques de location de VHS et DVD autrefois populaire, lancée dans les années 1980.
Blockbuster est un sitcom produit par Netflix se déroulant dans le dernier vidéo club menacé de fermeture à l'ère du streaming. L'occasion pour la plateforme de se moquer de son propre système ? De courir avec des ciseaux à bouts pointus ? De revoir son cours de trigonométrie pour enfin rigoler ?
Dans La divine comédie de Dante, on peut lire au-dessus de la porte de l’Enfer «Vous qui entrez ici, perdez toute espérance ». Cette même inscription devrait être écrite au-dessus de celle de Blockbuster ; quiconque aimant la vie et les petits oiseaux devrait se tenir éloigné de la nouvelle série Netflix.
Car ce que je vais te raconter Philibert, c’est l’histoire d’un cauchemar. Un cauchemar de dix fois vingt minutes. Ou trente. Ou cinq cent quarante-deux. La perception du temps devient une chose merveilleuse lorsqu’on s’ennuie, comme tu le ressentiras en lisant ce papier.

Commençons par le commencement. Comme tu le sais déjà si tu es mon chat, j’aime m’endormir avec une petite série. Courte de préférence, parce que mon attention n’est plus assez vive pour tenter une saison entière de Sandman. Sauf que d’habitude – j’ai sûrement du bol -, j’apprécie tellement ce que je regarde que je lance la suite. « Et que se passe-t-il après ?? », dois-tu te demander, avide d’en savoir plus sur cette vie d’aventure et de couverture. Eh bien figure-toi que c’est souvent durant le second épisode que le sommeil vient. Je te laisse quelques minutes pour te remettre de l’excitation palpable qui t’habite.
Tiens, une musique d’interlude :
Toujours est-il qu’en panne d’idée, j’ai décidé de me lancer dans Blockbuster, la nouvelle production de la plateforme de streaming SVoD (vocabulaire de référencement, toi-même tu sais), histoire d’en faire mon nouveau somnifère. Eh bah mon p’tit gars, ça c’est de l’efficacité ! Trois, quatre nuits de suite, impossible de finir un seul épisode sans piquer du nez. Je crois que j’ai mis une semaine pour achever les deux premiers épisodes. C’était encore plus ronflant que l’excellente fausse interview de Scarlett O’Hara écrite par Marie. Au passage, si vous ne l’avez pas encore lu, prévoyez quatre heures de plaisir sans coupure pub. Je plaisante Marie (mais il ne fallait pas dire autant de mal de Trois mille ans à t’attendre).
Pourtant, le pitch semblait sympa. Le gérant du dernier vidéoclub tentant de sauver son entreprise et ses employés de la faillite. Une belle opportunité pour Netflix d’ironiser sur son propre business, de parler cinéma avec plein de références comme pouvait le faire Community ou Rick et Morty, de découvrir les gens qui conservent ce goût pour la location physique, et finalement, de se tailler les veines.
Crève Blockbuster, crève !
D’accord, le premier épisode n’est pas particulièrement drôle et on va dire que je devais être très fatigué, mais il plante le contexte, présente rapidement nos personnages. Alors pourquoi pas tenter la suite, car si les promesses sont tenues, il y a du potentiel !

J’ai vécu le reste de la saison comme on vit une chirurgie du cerveau sous hypnose : c’était la messmerde ! Le concept ne tient littéralement pas plus de trois lignes de ces dix épisodes. Le principe même de placer l’action dans un vidéo club n’a strictement aucun, mais alors aucun intérêt. On pourrait situer tout ça dans un bureau, un commissariat ou un arrêt de bus sans qu’on sente la différence. Ah si, pardon, c’est vrai qu’on a droit à plusieurs lâcher de titres d’œuvres, histoire de rappeler qu’on se fout bien de ma gueule. Le physique face au digital ? La culture de consommation ? Le plaisir d’échanger sur le cinéma ? Les employés n’en ont rien à faire, les clients n’en ont rien à faire, je n’en ai rien à faire. S’il était prévu, à l’origine, un discours de fond, même un tout petit (je ne suis pas exigeant), il est sûrement parti pisser entre l’élaboration et la production.
Dès lors, pour m’occuper, je me suis mis à compter. Le nombre d’expressions faciales de Randall Park (3), le nombre de ressemblances entre le personnage de Melissa Fumero et son rôle dans Brooklyn Nine-Nine (1000), le niveau d’alchimie entre les autres membres du casting (-25), le nombre de moments gênants et pas drôles (dix épisodes de trop de minutes).

J’en ai vu des trucs qui ne servent à rien, il y en a même un qui porte mon nom et qui chiale toutes les nuits. Blockbuster vient de rentrer directement dans le top 5 de cette liste. C’est écrit avec pour seule intention une histoire d’amour dont on se désintéresse minute une, tout simplement parce qu’on a vu ça partout, tout le temps, depuis que la télé existe. Mais en mieux.
Alors comment j’ai réussi à aller jusqu’au bout en évitant de m’endormir ? Voici mon secret : la regarder de jour, avec du café, et une occupation annexe. Tu peux donc visionner Blockbuster en :
– faisant la vaisselle
– remplissant ta feuille d’impôts
– révisant ton cantonais pour les nuls
– t’épilant le sillon fessier
– participant à un Fight Club
– manifestant devant les bureaux de l’O.N.U.
– jouant un match de foot
– dessinant une moustache au feutre indélébile sur le visage de ta belle-mère endormie*
* liste non-exhaustive.