Créatrice : Joss Whedon
Produit par : Mutant Enemy
Actrices et acteurs principaux : Sarah Michelle gellar, Alyson Hannigan, Nicholas Brendon, Anthony Stewart Head
Mon méchant de Buffy préféré : Le Maire 
Années de diffusion : 1997
Où la voir : sur support vidéo
Synopsis officiel : Buffy Summers aspire à une vie simple et épanouie auprès de sa famille et de ses amis. Mais les démons qui rôdent à Sunnydale lui rappellent sans cesse qu’elle doit faire face à ses responsabilités de Tueuse.

On continue notre série sur les deuils de fiction en s'attaquant cette fois à un show mythique : Buffy contre les vampires. Prépare tes mouchoirs.

Si tu as raté les épisodes précédents, Marie s’est lancée dans un sujet autour des Deuils en série en partant d’une analyse avant de s’attaquer à son drame personnel autour de Person of Interest. De toute façon, si Marie ne parle pas de Person of Interest (même pour traiter de l’intelligence artificielle) tous les 3 papiers, elle meurt. Bref, tout ça pour dire qu’elle est ensuite venue nous voir en nous disant : « Hey, les prochains, c’est pour vous ! »

Ce à quoi je lui ai bien évidemment répondu : « Tu es bien gentille ma petite tartiflette de Gironde, mais même si j’ai déjà versé quelques larmes en voyant des personnages disparaître et en constatant le poids de leurs absences sur la qualité des shows, ce n’est pas pour autant que j’ai chialé comme devant Le Huitième Jour (ça, c’est pour le placement de lien interne pour la recherche Gogole) où que ça m’a impacté comme Deep Impact ».

Devant sa mine dubitative m’annonçant que, premièrement, elle ne venait pas de Gironde, et que deuxièmement, j’avais qu’à me démerder, j’ai décidé de te parler de Buffy contre les vampires. Et est-ce que ça sera mon seul article sur cette série ? Je ne pense pas.

Ce qui va suivre va te divulgâcher la saison 5 de Buffy contre les vampires.

Deuils en série – Épisode 3 : Buffy contre les vampires
"Bon, comment on se partage l'héritage ?" © 20th Century Fox

Saison 5, épisode 16, « Orphelines » dans la langue de Jul et « The Body » » dans celle de Snoop Dog. Rien qu’avec le titre, tu sais qu’on ne va pas parler d’un moment de joie et de raclette.

Qu'est-ce que ça raconte ?

En réalité, on connaît les événements depuis l’épisode précédent, ce dernier se finissant sur la même scène que celle qui ouvre l’épisode 16. Mais de l’aveu du créateur Joss Whedon, il fallait doubler l’effet. Le sadique. 

On y voit donc Buffy (Sarah Michelle Gellar je t’aime) rentrer chez elle où elle retrouve sa mère Joyce (Kristine Sutherland) étendue sans vie sur le canapé. Tout l’épisode se concentrera sur les événements presque en temps réel où la Tueuse appelle les secours, prévient sa sœur, ses amis et où tout ce petit monde se retrouve à la morgue pour connaître les résultats de l’autopsie finale.

Pourquoi c'est un épisode marquant dans Buffy contre les vampires ?

Loin de m’identifier aux personnages comme ma comparse, j’admets néanmoins qu’il ne m’a pas fallu longtemps pour trouver mon sujet autour des deuils en série. Déjà, parce que Buffy contre les vampires est un de mes shows préférés que je connais presque par cœur, ensuite parce que la mort de Joyce est particulièrement marquante, non seulement dans le contexte de la série, mais également lorsqu’on la met en parallèle avec la concurrence.

Deuils en série – Épisode 3 : Buffy contre les vampires
Quand la mort te met au tapis © 20th Century Fox

J’ai revu l’épisode pour l’occasion (je fais mes devoirs) et s’il y a bien une chose dont je me souvenais très bien, c’est cette absence de musique. Hormis le générique, on n’entendra aucune note, comme pour retranscrire au maximum le réalisme du moment où aucun compositeur ne vient appuyer notre tristesse avec du violon. Même le son ambiant se fait rare, comme si le temps s’arrêtait. Des clochettes qui tintent, un poing dans un mur… les seuls bruits sont ceux qui trahissent l’état des protagonistes. Le silence n’est pas une figure de style, il personnifie l’accablement général. 

Un effet qui rend la chose réelle, physique. Le physique se veut justement au cœur de l’épisode (The Body) puisque tout s’y rapporte. Il permet de prendre conscience des choses, de les nommer. Comme lorsque Buffy contacte les urgences

"Le corps est froid ? - Non, ma mère !"

Au début, On est dans l’irréel, notre héroïne n’y croit pas, elle espère encore voir sa mère se réveiller.  Puis, il y a l’attente des secours, leur arrivée, la constatation. La caméra de Whedon joue énormément avec l’étouffement subi par Buffy à ce moment-là, la cloisonnant dans sa maison dont elle ne parvient qu’à atteindre le pas de la porte,  la rendant incapable de voir le visage de l’infirmier, juste sa bouche lui expliquant la situation. Perdue, elle en vient même à leur souhaiter bon courage lorsqu’ils partent sur une autre intervention. C’est une mort brutale, inattendue, viscérale. Et soudain, la femme la plus forte du monde, redevenue jeune fille, prend conscience du réel à l’arrivée de Giles, son protecteur, qui se rapproche de Joyce :

"Il ne faut pas toucher le corps !"

C’est le choc, elle réalise que sa mère n’est plus et que ce qu’elle a devant elle n’est qu’un corps inanimé. 

Ça ne fait même pas dix minutes d’épisode et je viens de vivre un moment d’une intensité rarement égalée.

Un épisode fantastique au sein d'une série qui ne l'est (presque) plus

Pourtant, on me dira que dans Buffy contre les vampires, les morts se font légion et de l’aveu d’Alex (Xander), tous les membres du groupe savent très bien où se situe la morgue. Alors pourquoi celle-ci bénéficie d’un tel degré d’importance ? Justement, parce qu’elle intervient dans un show qui ne connaît que trop bien le deuil. Un peu comme Grey’s Anatomy, sans le côté gratuit.

Deuils en série – Épisode 3 : Buffy contre les vampires
Comment tu t'appelles déjà ? © 20th Century Fox

Plus sérieusement, cet épisode 16 de la saison 5 frappe par son absence de fantastique. Ce n’est plus Buffy contre les vampires, c’est juste Buffy contre la réalité. Hormis un buveur de sang ramenant là encore à la physicalité de la mort, on passe 40 minutes de la manière la plus ordinaire – et donc extraordinaire vu le contexte – qui soit. Les gens pleurent et tentent d’encaisser la nouvelle. Tout le reste se veut trivial. Whedon assume son choix : la mort, c’est ennuyeux, non dans le sens péjoratif du terme, mais parce qu’il ne se passe rien. Et dans ce rien, on y voit beaucoup.

On y voit par exemple une Anya, ancienne démone reconnue pour son insensibilité, réagir pour la première fois aux sentiments humains. En pleurs, elle dénonce le concept stupide de la mortalité, cherchant à en comprendre le sens. On y voit Tara partager également pour la première fois un moment seule avec Buffy, lui racontant son passé. On y voit Alex chercher un coupable, une manifestation surnaturelle. On y voit Willow perdue dans une futilité vestimentaire. On y voit Dawn, la petite sœur, pleurer à cause d’un garçon avant d’apprendre la nouvelle à laquelle elle ne veut pas croire, jusqu’à vouloir toucher. Car après tout, tant qu’on ne l’a pas ressenti physiquement, ce n’est pas vrai n’est-ce pas ? 

Parce que c’est un épisode de chair, qui crée le mouvement par l’inertie, parce qu’on vit le décès dans ce qu’il a de plus trivial, de plus vain et parce qu’à aucun moment on ne tente de déplacer le sentiment de perte des personnages vers le spectateur simplement témoin ; Orphelines n’a pas eu sur moi un impact émotionnel, il a eu un impact physique et crois-moi, j’ai bien ressenti ma boule à l’estomac.

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