Réalisateur : Richard Curtis
Scénariste : Richard Curtis
Actrices et acteurs principaux : Hugh Grant, Emma Thompson, Liam Neeson…
Mon cadeau de Noël : le coffret collector Battle Royale
Date de sortie : 3 décembre 2003
Où le voir : Netflix
Synopsis officiel : L’amour est partout, imprévisible, inexplicable, insurmontable. Il frappe quand il veut et souvent, ça fait pas mal de dégâts…
Pour le nouveau Premier Ministre britannique, il va prendre la jolie forme d’une jeune collaboratrice.
Pour l’écrivain au coeur brisé parti se réfugier dans le sud de la France, il surgira d’un lac.
Il s’éloigne de cette femme qui, installée dans une vie de couple ronronnante, suspecte soudain son mari de songer à une autre.
Il se cache derrière les faux-semblants de ce meilleur ami qui aurait bien voulu être autre chose que le témoin du mariage de celle qu’il aime.
Pour ce veuf et son beau-fils, pour cette jeune femme qui adore son collègue, l’amour est l’enjeu, le but, mais également la source d’innombrables complications.
En cette veille de Noël à Londres, ces vies et ces amours vont se croiser, se frôler et se confronter…
Et si on découvrait un passage vers des mondes parallèles ? Et si on pouvait glisser vers des milliers d’univers différents, se retrouver la même année, être la même personne, mais que tout le reste soit différent ? C’est comme ça que j’ai pu voir Hatred Actually, la version gore de Love Actually. À moins que je ne l’aie imaginée…
Si, toi aussi, tu trouves Love Actually bien trop guimauve et que, comme moi, tu es davantage 3615 Code Père Noël que Maman, j’ai raté l’avion pendant les fêtes, alors tu vas adorer Hatred Actually ! Pourquoi ? Parce que dans ce monde de Bisounours où on nous vend que l’amour est partout, ce film est un remède qui nous plonge dans le côté obscur de chacun.
Est-ce que ces gens se prenant dans les bras à l’aéroport de Londres font preuve d’affection ? Comme le précise la voix-off, cela tient davantage de l’infection. Ils sont en train de se refiler le Covid.
« De l’avis général, nous vivons dans un monde de haine et de cupidité. Je suis bien d’accord ».
Hatred Actually va ainsi dérouler sa comédie morbide où vont se succéder pléthore d’acteurs et actrices qui vont se faire un malin plaisir de succomber à leurs pulsions, dans le vice et le crime le plus complet. Il suffit d’admirer Bill Nighy, cynique en diable, chanter son amour pour les jeunes filles devant des hommes libidineux se caressant le corps. Tout un programme…
Si le charme horrifique fonctionne rapidement, la faiblesse de ce genre de métrage choral en devient évidente : parvenir à faire exister chaque histoire. Je prends pour exemple le segment dédié à Liam Neeson. Bien avant de tuer de pauvres migrants en plein Paris, il montre déjà sa capacité naturelle à kidnapper des enfants lorsqu’il en rencontre un à l’enterrement de sa femme. Et si le huis clos angoissant qui s’ensuit fonctionne, le scénario ne lui laisse pas l’espace suffisant pour conclure efficacement, préférant laisser notre imagination travailler. Cette adaptation britannique de l’affaire du petit Grégory aurait mérité mieux.
Un défaut mineur tant Hatred Actually se rattrape par sa générosité horrifique, multipliant les genres et les styles, passant du simple crime sur fond d’adultère entre Emma Thompson et Alan Rickman au cannibalisme avec Kris Marshall.
Ce dernier a d’ailleurs certains des morceaux les plus délicieusement dégoûtants du long-métrage. Il suffit de le voir se délecter du goût des « doigts de bébé crevé ». J’ai failli rendre mon déjeuner. Mais le pire arrive ensuite, lorsque ce dernier tombe sur quatre Américaines et transforme leur petit appartement en boucherie. Au sens propre.

Loin de n’être qu’une succession de scènes gores, le métrage parvient également à nous réserver quelques rebondissements, voire transmettre des messages en avance sur son temps. Colin Firth, sorte de Jack l’Éventreur moderne, notamment lorsqu’il s’éclipse d’un appartement où il vient de torturer une femme encore attachée au lit, subit de plein fouet la revanche féministe via Lucia Moniz qui revisite Misery à sa façon.
Un récit qui contrebalance celui de Keira Knightley, enlevée puis mutilée par un Andrew Lincoln sadique au possible, lequel en vient à aller montrer des agrandissements de son “œuvre” devant la porte d’un Chiwetel Ejiofor, impuissant.

Mais la palme du plus beau psychopathe du film revient définitivement à Hugh Grant, pris dans un délire rappelant American Psycho, dansant avant de jouer au Docteur Maboul sur la pauvre Martine McCutcheon.
Jusqu’au bout, Hatred Actually nous propose une belle galerie de psychopathes de tout genre, de tout âge, de tout vice. Tantôt frôlant l’humour noir, tantôt glissant dans le « snuff movie » horrible. Le film pourrait trôner au Panthéon du genre tant il brosse un large portrait de l’horreur de ce monde. À la sortie, je peux facilement parier que les plus sensibles ne seraient pas contre une version Love Actually…