Réalisateur : Lisa Azuelos
Scénariste : Fabien Suarez, Juliette Sales
Actrices et acteurs principaux : Alexandra Lamy, Muriel Robin, Xavier Lacaille
Le nom de mon chat provisoire II : Carotte
Date de sortie : 15 mars 2023
Où le voir : au cinéma
Synopsis officiel : la vie  de Thelma prend un détour tragique lorsqu’un accident plonge son fils Louis, 12 ans, dans le coma. Déterminée à le réveiller par tous les moyens, elle va faire le pari fou d’accomplir une par une les « 10 choses à faire avant la fin du monde » qu’il avait inscrites dans son journal intime, pour lui montrer tout ce que la vie a de magnifique à lui offrir. Mais ce voyage dans les rêves de son adolescent l’emmènera bien plus loin que ce qu’elle imaginait … jusqu’à raviver son propre goût à la vie.

Longtemps après le visionnage de La Chambre des Merveilles, je réalise que le charme du film, si tenté qu’il en possède un, n’a clairement pas opéré sur moi.

La Chambre des Merveilles oscille constamment entre faux onirisme et réalité faussement imparfaite. La réalisatrice ne se mouille pas énormément, surtout pour la fin. Je reste donc un peu déçue parce que le film possède de belles qualités et revisite un peu (oui un peu, n’exagérons rien non plus) les thèmes de la découverte de soi, du lien mère-fils, de l’univers secret de l’enfant que nous sommes.

Thelma est une femme qui bosse dur et élève son fils Louis, 12 ans.  Un matin, c’est l’accident, et Louis se retrouve plongé dans un profond coma. Le pronostic vital est engagé. Les mois passent, la mère craque. Je le note pour vous conter, chers lecteurs, ce qui se passe, mais je dois bien l’avouer, je ne crois, moi-même, pas beaucoup à cette histoire. Parce qu’on devrait être, sans doute, dévastée intérieurement, on peut concevoir que cette mère fasse tout et n’importe quoi pour son fils désormais alité dans une chambre d’hôpital. Il n’en aura pas fallu davantage pour que Thelma tombe sur le journal intime de son enfant. En lisant celui-ci, elle comprend que Louis souhaitait réaliser 10 voeux avant « la fin du monde ».

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Le p'tit va crever mais on s'en fout - ©SND

Attention SPOILER   !!!

Avant de s’attaquer à des voeux de type “défis”, Thelma réalise des souhaits plutôt “jouables” pour son fils. Ainsi, elle tague le mur d’un commissariat de police avec l’aide des potes de son fils. À ce moment précis déjà, je me suis aperçue que la réalisatrice n’avait pas su jouer sur les codes (le féérique, le rêve, le conte de fées)  et avait préféré essayer de faire sourire de manière grossière. Après le tag en bonne et due forme du mur, Thelma se fait arrêter par la police et se retrouve défendue par son gentil voisin devant un commissaire visiblement dépassé et influençable pour pas grand-chose.

Alexandra Lamy ne transmet malheureusement pas ce côté « solaire » qu’on aimerait tant retrouver chez une mère de cette trempe, elle ne paraît même pas assez crevée de fatigue et perdue pour moi. S’émerveiller des choses et notamment des mondes et êtres qui nous entourent c’est bien, mais encore faut-il le faire de manière crédible.

Ainsi, après quelques défis pour la forme, elle voyage au Japon, pour tenter de récupérer la signature d’un dessinateur de manga sur le skate de son fils. Elle atterrit là-bas comme par magie (d’où – ENCORE –  mon questionnement sur la notion de conte de fées…), trouve le dessinateur…

Puis, c’est une plongée improvisée sur la plage de Faro au Portugal qui lui fait réaliser que « la vie c’est beau ». La scène aquatique avec les baleines est magique, pourtant j’ai ressenti un vide abyssal là où il devrait y avoir quelque chose de très fort et évident concernant le lien entre la mère et son fils.

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Avec tous ces "et si", je peux réécrire ma vie à l'infini - ©SND

Le fantasme mal conté de la mère m’a laissé en manque de sens et de cohérence. Si il s’agissait d’un film axé sur le bonheur au –travers de l’autre, alors je n’ai qu’effleuré la surface. Si au contraire, il fallait y voir la réalité comme elle est vraiment, alors je trouve ça dommage et un peu gros que la mère ait attendue le presque décès de son fils pour vivre des choses intéressantes. Or, au-travers de l’histoire de Thelma, on finit par ne plus voir que Thelma elle-même. Exit le fils mourant derrière. Thelma est une histoire à part entière, à elle seule. Evidemment, en réalisant les vœux de son fils, elle finit fatalement par se trouver (on le sentait venir). Le raccourci était trop facile, trop tentant peut-être. On accomplit les rêves de l’enfant chéri pour comprendre à quel point on est soi-même un être qui a besoin de se nourrir de ce qui l’entoure.

Et puis, je parlais de la fin du film en début d’article. Alors qu’elle a réalisé tous les vœux de son fils, Thelma arrive à l’hôpital où Louis, et contre toute attente, se réveille finalement. En le voyant, bien éveillé, j’ai ressenti une espèce de déception. Pour moi, la fin la plus probable et naturelle était le décès de ce fils, plongé dans le coma depuis maintenant des mois, ne l’oublions pas. Aussi, lorsque Thelma se retrouve face à lui, je n’y crois pas une seconde. Et je me rappelle alors bien à ce moment là que ce n’est pas un film qui se prête au rêve ou à l’interprétation. Élément alors troublant qui est donné à la mère : il est réveillé mais ne se souvient plus de rien. Résultat pour moi : un grand vide intérieur et une facilité de scénario qui confine au ridicule et me fait penser à un mauvais téléfilm signé M6. La connexion mère-fils était déjà à peine perceptible, voilà maintenant qu’elle n’a même plus raison d’être. Je regrette tant de n’avoir rien su de la richesse du fabuleux monde intérieur du  fils et de finir sur les « et si » de la mère. La Chambre des Merveilles reste donc pour moi un film « feel good », mais maladroit. Effleurant seulement le sens profond des choses et des êtres, il ne constitue pas une prise de risque fondamentale dans le cinéma français.

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2 commentaires

  1. Mon dieu quelle lecture froide et subjective
    J’ai ressenti tout l’inverse et ne partage absolument pas votre point de vue

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