Créatrice : Michael Schur
Actrices et acteurs principaux : Kristen Bell, William Jackson Harper, Jameela Jamil, D’Arcy Carden, Manny Jacinto, Ted Danson
Ma citation préférée de The Good Place : « Ya basic! »
Années de diffusion : 2016-2020
Où la voir : Netflix et support physique
Synopsis officiel : Après avoir été percutée et tuée par un semi-remorque, Eleanor se réveille dans ce qui semble être la vie après la mort. Lorsque Michael, l’Architecte des lieux, lui apprend qu’elle est au « Bon endroit » compte tenu ses bonnes actions, elle réalise qu’elle a été confondue avec quelqu’un d’autre. L’arrivée d’Eleanor pourrait bien mettre en péril l’équilibre de ce monde où personne ne jure ou ne boit de l’alcool à outrance. La jeune femme va devoir travailler sur elle-même afin de devenir une meilleure personne si elle souhaite conserver sa place dans l’au-delà. Bien entendu, elle sera épaulée par de nouvelles connaissances à l’instar de Chidi, son « âme soeur » qui voit toujours le bon côté des gens, ses voisins un peu trop parfaits Tahani et Jianyu, et enfin Janet, véritable source de savoir ambulante…
Qu’y a-t-il après la mort ? Quel est le sens de la vie ? Tout le monde s’est déjà posé ces questions existentielles qui viennent nous rappeler notre condition d’humains fragiles et mortels, dont les limites psychiques déterminent notre perception de la vie et de la mort. Si certains trouvent des éléments de réponses dans diverses religions ou dans les expériences de mort imminente, moi, je les trouve dans les films ou les séries. Aujourd’hui, je te parle de The Good Place.
Attention je spoile.
Au début de la série, les personnages principaux arrivent dans ce qu’ils pensent être « The Good Place » (que l’on pourrait traduire par “le bon endroit”). Or, ce monde aux apparences paradisiaques n’est qu’un stratagème des architectes de « The Bad Place » pour torturer les humains qui ne méritent pas d’accéder aux paradis. Tout au long du show, les protagonistes principaux (Eleanor, Chidi, Jason, Tahani, Michael et Janet) tentent de rejoindre la vraie « Good Place », mais également de mettre fin au système injuste, et mal pensé, d’évaluation des humains (qui consiste à leur attribuer des bons et des mauvais points en fonction de leurs actions sur Terre).
En effet, dans le monde dans lequel nous vivons actuellement, il est désormais impossible pour quiconque de finir au paradis, car la moindre action engendre des conséquences négatives dont on n’a pas forcément conscience.
Le simple fait d’acheter une tomate dans un supermarché peut coûter cher :
« Acheter une tomate dans un supermarché signifie que vous soutenez, sans vous en rendre compte, l’utilisation de pesticides toxiques, l’exploitation de la main-d’œuvre et que vous contribuez au réchauffement climatique. Les humains pensent qu’ils ne font qu’un seul choix, mais ils en font en fait des dizaines sans le savoir »
Michael (S03E11)
La vie : notre entraînement avant la mort
Après une lutte acharnée, les personnages principaux parviennent à faire entendre raison à la juge toute puissante et sont autorisés à mettre en place un nouveau système qui déterminera si les humains peuvent ou non accéder à The Good Place.
Ce nouveau système est basé sur l’apprentissage. Après la mort, chaque humain passe un test basé sur ses faiblesses sur Terre. Si le test n’est pas concluant, l’humain n’accède pas tout de suite à The Good Place, mais a l’opportunité de s’améliorer et de réfléchir à l’impact de son comportement sur autrui. Concrètement, après chaque test, leur mémoire est effacée, mais subsiste, malgré tout, les leçons apprises, permettant à chacun de devenir une meilleure version de soi-même avant de pouvoir intégrer le paradis.

Dans la série, la vie n’est donc qu’un entraînement, une sorte d’échauffement ou de première leçon, mais la véritable chance de s’améliorer n’est offerte qu’après la mort. Voilà de quoi désacraliser le sens de la vie et l’occasion pour nous d’arrêter de se mettre la pression. Bon, je ne te dis pas d’aller poignarder ton voisin parce que tu n’aimes pas ses goûts musicaux, hein. Par contre, tu n’as pas besoin de te mettre la pression pour devenir une meilleure version de toi-même dans cette vie-là, car tu as toute la mort devant toi pour ça.
La mort : l’occasion de partir en paix
Le problème c’est que dans ce paradis où tu peux tout avoir et réaliser tes rêves les plus fous – c’est-à-dire ne pouvoir manger que de la raclette sans grossir – eh bien les humains finissent par crever d’ennui ; enfin pas au sens propre puisqu’ils sont déjà morts… Ils ont, en quelque sorte, perdu goût à la mort et entrent petit à petit dans un état végétatif (comme Lisa Kudrow). Pour remédier à tout cela, les protagonistes créent une échappatoire : la mort définitive. Lorsque chaque humain est prêt à quitter The Good Place pour de bon et pour diverses raisons, il peut enfin mourir tranquille. Cela redonne à chacun un but final qui permet de continuer d’avancer dans ce paradis.
« Tu as dis que tous les humains étaient un peu tristes en permanence parce qu’ils savent qu’ils vont mourir, mais c’est savoir ça qui donne du sens à la vie »
Michael (S04E12)
Le sens de la vie et de la mort apparaît donc un peu vain : certes, la vie est bien plus agréable dans The Good Place que sur Terre, mais nous avons toujours besoin d’une finalité pour nous permettre d’avancer et par essence, nous avons besoin de savoir que nous sommes toujours mortels pour donner sens à notre vie après la mort. C’est paradoxal (et un tantinet pathétique) et ça amène une autre question : qu’y a-t-il après la mort définitive ? Selon les scénaristes, rien, c’est vraiment la fin.
Choisir volontairement cette fin sans retour est pour moi difficile à appréhender, parce que j’ai l’impression d’être débordée et de ne pas avoir assez de temps dans une journée de 24 heures, donc la perception d’une vie éternelle (ou d’Un jour sans fin) me plait bien. Par exemple, j’aimerais bien pouvoir me perfectionner dans plein de domaines, pouvoir finir ma liste de films et séries à regarder (qui ne cesse de s’allonger) ou encore juste pouvoir profiter pleinement des gens que j’aime. L’idée de choisir la mort définitive n’est donc pas quelque chose que je suis prête à accepter. Mais qui sait, après des milliards de milliards d’années passées dans The Good Place, je serai peut-être prête à partir…

Tout ça pour ça ?
C’est assez bizarre de se dire que le paradis ne nous offrirait pas un état de contentement et de bonheur constant. C’est en tout cas l’idée que je m’en fais ; si paradis il y a. The Good Place permet de réfléchir à cette finalité espérée et irréaliste.
Il est vrai qu’il ne peut y avoir de bonheur sans malheur et que si on passait notre temps à manger notre plat préféré, on se lasserait. Cependant, j’imaginais qu’un endroit comme le paradis/The Good Place serait un subterfuge qui tromperait notre cerveau d’humain, que cet endroit agirait comme un antidépresseur hyper puissant. Or, si on y réfléchit bien, imaginer l’après comme un antidépresseur est assez triste et c’est finalement ce que nous dit la série.
Donner du sens au reste : les limites de The Good Place
The Good Place est bien sûr excessivement centré sur les humains et donc limité dans sa conception de la vie après la mort. Si l’on nous propose bien des éléments de réponses, la série nous apporte aussi son lot de nouvelles questions : qui sont les divins ? dans quel univers évoluent-ils ? quel est le sens de leur vie ? etc. D’ailleurs pour ne pas répondre à ces questions les scénaristes usent d’une pirouette explicative qui a du sens : les êtres divins, comme Michael, prennent une apparence humaine pour s’adapter à nos limitations mentales, et font également toujours en sorte de mettre en place un monde tangible dont notre cerveau est capable de traiter les informations. C’est pour cela que l’environnement de The Good Place ressemble par bien des aspects à celui que nous connaissons déjà.
Les scénaristes ne peuvent, en effet, pas imaginer un univers qui va au-delà de notre compréhension, au-delà de nos capacités inhérentes à notre condition humaine. C’est ici que The Good Place atteint ses limites.
Pour autant la vision des scénaristes est loin d’être dénuée de sens autant sur l’après que sur la vie que nous vivons en ce moment même : The Good Place encourage dès maintenant à être une meilleure version de nous-mêmes et nous montre le chemin avec une grande bienveillance. Comme le dit Chidi : « La vie n’est pas un puzzle que l’on doit résoudre une seule fois et c’est fini. Tu te réveilles tous les jours et tu le résous encore. » Il est donc temps pour moi d’aller continuer mon puzzle et de commencer le reste de ma vie.