Réalisateur : Martin McDonagh
Scénariste : Martin McDonagh
Actrices et acteurs principaux : Colin Farrell, Brendan Gleeson, Kerry Condon, Barry Keoghan
Mon île préférée : l’île flottante
Date de sortie : 28 décembre 2022
Où le voir : au cinéma
Synopsis officiel : Sur Inisherin – une île isolée au large de la côte ouest de l’Irlande – deux compères de toujours, Padraic et Colm, se retrouvent dans une impasse lorsque Colm décide du jour au lendemain de mettre fin à leur amitié. Abasourdi, Padraic n’accepte pas la situation et tente par tous les moyens de recoller les morceaux, avec le soutien de sa sœur Siobhan et de Dominic, un jeune insulaire un peu dérangé. Mais les efforts répétés de Padraic ne font que renforcer la détermination de son ancien ami et lorsque Colm finit par poser un ultimatum désespéré, les événements s’enveniment et vont avoir de terribles conséquences.

Les Banshees d'Inisherin est un drame signé par Martin McDonagh avec Colin Farrell et Brendan Gleeson ; un duo qui avait déjà brillé dans Bons baisers de Bruges de... Martin McDonagh. À croire que le réalisateur fait surtout le tour des distilleries.

On est lundi, il fait gris, le vent souffle. Je suis chez moi à fixer les temps. Le temps qui goutte sur le rebord de ma fenêtre d’abord, celui qui me file entre les doigts ensuite. Foutue langue française, incapable d’avoir deux mots différents. De qui je me moque, j’essaie juste d’en gagner, du temps. Il se trouve que j’ai un article à écrire alors que je n’ai ni idée, ni envie. Ce début de semaine ne pouvait s’annoncer plus morose. Fin de paragraphe. Non, il faut encore que je place Les Banshees d’Inisherin. Je suis honnête, c’est pour le mot-clé.

Pourquoi ai-je jeté mon dévolu sur le film de Martin McDonagh ? Aucune inspiration pour le reste. Pour celui-là non plus. Mais au moins, il me permettra de partager un sentiment au milieu d’un flot d’âneries prosaïques. nerie… justement, l’âne ne rit plus. Jeu de mots macabre. Pardon Jenny.

Les Banshees d'Inisherin : des pressions et des potes
Quand l'équipe attend ton papier et que tu n'as aucune inspiration © Disney

Mes écrits manquent d’écrin, peut-être est-ce les Banshees les responsables. Les Golden Globes ont voulu récompenser la Meilleure comédie ou comédie musicale et ils ont récompensé Banshees, fin de la blague. Si l’absurdité peut amuser, Les Banshees d’Inisherin tourne rapidement à la farce dépressive où la gentillesse est un récipient qui se vide au même rythme qu’une pinte. Barman, servez-nous-en donc une autre ! Il doit bien rester un peu d’âme humaine à boire sur cette île.

Bière et paix

Quand le gentil devient méchant, c’est là qu’il en devient intéressant, nous dit-on. Après tout, si aime et haine se côtoient sur notre alphabet, ils peuvent bien faire de même en notre sein, car, qui peut rester sain lorsque la solitude et la tristesse décident que la coupe est pleine, après avoir touché le fond du verre ? Je parle bien sûr de cette scène où l’alcool révèle le mal face à une assistance d’hommes devenus des ânes.

La bière se transforme en carburant de la tragédie. On s’y retrouve, on s’y sépare, on la boit et on part. Elle fait chanter les femmes, écrire de l’art, on la boit et on fuit les regards. Tout en alcoolémie, Les Banshees d’Inisherin s’en prend à l’ennui autant qu’à l’ami. Mais sur cette petite île où on confesse ses péchés, la soif n’en est jamais un, car que resterait-il sinon ? Peut-être le désespoir… ah non, il est déjà là, une bière à la main.

Alors attention, ne pense pas que le film porte un jugement sur l’alcool et ce qu’il fait aux hommes. Au contraire, ce n’est qu’un élément du scénario, presque un running gag, permettant juste à ces derniers de tromper leur solitude. L’alcool n’est qu’un témoin, parfois actif, surtout passif, de ce que les hommes peuvent se faire à eux-mêmes.

Les Golden Globes ont voulu récompenser la Meilleure comédie ou comédie musicale et ils ont récompensé Banshees, fin de la blague. Les Banshees d’Inisherin est une beauté déprimante qui m’a asséché, ne me laissant qu’avec une seule envie : boire des pressions avec des potes pour s’enivrer de leur compagnie et tromper la solitude, la mort et le temps. Toujours le temps.

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