Réalisateur : Martin Bourboulon
Scénaristes : Alexandre De La Patellière, Matthieu Delaporte
Actrices et acteurs principaux : François Civil, Vincent Cassel, Pio Marmaï, Romain Duris, Evan Green.
Mon mousquetaire préféré : Albert
Date de sortie : 05 avril 2023
Où le voir : au cinéma
Synopsis officiel : Du Louvre au Palais de Buckingham, des bas-fonds de Paris au siège de La Rochelle… dans un Royaume divisé par les guerres de religion et menacé d’invasion par l’Angleterre, une poignée d’hommes et de femmes vont croiser leurs épées et lier leur destin à celui de la France.
Pour montrer que le cinéma français peut en avoir dans le pantalon (blague beauf d'entrée de jeu, qui dit mieux ?), le groupe Pathé est parti en campagne pour nous vendre son Trois Mousquetaires : D'Artagnan. Petite réaction à chaud de sortie de séance avec mes collègues.
Honnêtement, le réveil à 7h30 du matin m’a piqué les yeux. Je sais, en soit ce n’est pas si tôt pour la majorité de la population active, voire tard pour les jeunes parents. Mais pour quelqu’un qui s’est couché à deux heures parce que mon job nécessite parfois de finir tard et pas parce que je suis Batman, c’est dur.
D’autant que si j’ai décidé de sacrifier des heures de sommeil, c’est pour retourner au boulot. Cette fois, c’est pour assister à une petite séance en avant-première. Alors oui, dit comme ça, tu ne risques pas de comprendre. Il se trouve que je bosse dans un cinéma. Plot twist ou détail sans importance ? Je te laisse juge.
En gros, notre directeur a décidé de nous offrir une petite séance réservée à l’équipe dans l’une des meilleures salles de Paris. Je ne dis pas ça pour être corporate, c’est réellement le cas. Ah oui, encore un petit détail : je travaille dans un cinéma Pathé. Alors forcément, on allait nous projeter un film maison tant qu’à faire, pas fou le coq. C’est comme ça que j’ai pu voir Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan.
Je te rassure tout de suite, loin de moi l’idée de te donner un retour positif pour faire plaisir au grand manitou Seydoux qui paie mon salaire. La preuve, je continue d’affirmer haut et fort que je déteste le dernier Asterix et ses 65 millions de budget qui ont juste servi à payer la coke du casting. Alors certes, Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan a coûté 72 millions, mais là au moins ça se voit davantage à l’écran.

Donc me voilà avec quelques collègues, même les plus dubitatifs, pour assister à cette grosse production française réalisée par Martin Bourboulon. Celui-là qui avait déjà signé la dernière machine de guerre du coq jaune, Eiffel. Métrage que j’avais peu apprécié, me confortant dans l’idée que Martin était meilleur dans des comédies comme Papa ou Maman que dans le film historique clinquant.
Personnellement, j’avais envie de croire en ces Mousquetaires. Déjà, parce que même si l’histoire est rabâchée, cela fait longtemps qu’une production française ne s’était pas emparée de ce récit pourtant écrit par un petit gars du pays. Un certain Alexandre Dumas. Il y a eu pas mal d’adaptations dont une avec les seins de Sophie Marceau, une avec des bateaux qui volent, ou encore une série anglaise que je considère encore comme la meilleure version, mais, niveau ampleur, les studios hexagonaux se sont souvent contentés du minimum syndical sans les finances. Vas-y Martin, fais tout péter !
Mon autre point d’intérêt se situe dans le choix du casting. Franchement, sur le papier François Civil en D’Artagnan, Vincent Cassel en Athos, Romain Duris en Aramis et Pio Marmaï en Porthos, on ne peut nier qu’on a une galerie d’acteurs qui colleraient à l’idée qu’on se ferait des personnages sur grand écran. Et lorsqu’ils nous ont annoncé Eva Green en Milady, je leur signais un chèque en blanc.
Les Trois Mousquetaires : D'Artagnan à l'épée bien dressée
Pour paraphraser un collègue à la fin de la séance : « Le filtre nuit en plein jour, ça ne se fait plus depuis 1960 ». En effet, il faut avouer que tout le film a l’image terne. On comprend l’idée de tenter de donner un aspect ancien à l’œuvre, mais c’est davantage un effet d’esbroufe qui empêche de différencier les scènes, le temps ou le lieu, rendant l’ensemble monochrome. Qu’on soit dans le palais du Roi ou dans une cour d’un quartier modeste, rien ne vient les différencier à l’œil en termes de photographie.
Pourtant, ce n’est pas ce qui m’a le plus gêné. C’est juste le style que veut se donner le film. Et qui sommes nous pour critiquer le style, alors que le sac banane est revenu à la mode ? J’ai davantage grincé sur l’écriture des dialogues, mélangeant l’ancien de Dumas et le moderne. Cela donne des situations lunaires où nos héros veulent se passer à l’épée après de grandes phrases alambiquées. Il y a effectivement un côté théâtral à l’œuvre avec des acteurs paraissant plus d’une fois réciter un texte plus que de l’incarner. Bon, selon le même collègue qui n’aime pas le filtre sépia, ce sont surtout des acteurs qui « ne portent pas la voix ». Personnellement, j’ai bien entendu que D’Artagnan s’appelait Charles. Je trouve que c’est trop souvent oublié.

Si j’ai d’abord insisté sur ce qui me dérangeait, c’est justement parce que pour le reste, je n’ai rien à dire ! Le casting est effectivement bien choisi, chacun incarnant bien son rôle. La mise en scène est plutôt maîtrisée avec des plans-séquences énergiques et l’argent utilisé se voit à l’écran, même lorsque les scènes sont courtes. J’ai particulièrement apprécié aussi qu’on sorte du côté élégant du film de cape et d’épée pour mieux coller à un certain réalisme. J’entends par-là qu’un ennemi est toujours plus facilement abattable à distance avec un mousquet que de foncer dessus avec une épée pour l’effet de style. Bon, je ne cache pas que j’aurai aimé un morceau d’action ou deux supplémentaires.

Même le scénario se veut plus complet que ce dont on a l’habitude avec les fameux ferrets de la Reine. De nombreux personnages présents dans l’œuvre d’origine et oubliés par les adaptations sont de nouveau incorporés dans l’intrigue, annonçant une suite d’une même ampleur que ce D’Artagnan.
À la fin, il faut reconnaître que toute notre équipe était convaincue par les qualités du film malgré nos réserves évoquées ci-dessus. On a continué à disséquer le film pendant le déjeuner qui a suivi, tout en n’oubliant pas de faire comme les gosses et de s’associer aux personnages du film. La majorité a parlé, j’ai été affilié à D’Artagnan. Tu comprends mieux mes digressions du début d’article, je suis simplement le héros de l’histoire.