Réalisateur : Darren Aronofsky
Scénariste : Darren Aronofsky
Actrices et acteurs principaux : Jennifer Lawrence, Javier Bardem, Ed Harris
Ma couleur préférée : l’indigo 
Date de sortie : 13 septembre 2017
Où le voir : Netflix
Synopsis officiel : Un couple voit sa relation remise en question par l’arrivée d’invités imprévus, perturbant leur quotidien et leurs habitudes.

J’ai toujours rêvé d’être mère. Alors quand j’ai enfin eu l’occasion d’établir notre petit « Home sweet home » et suis tombée enceinte, j’ai été très contrariée par l’arrivée de tous ces étrangers méchants, masqués et armés dans ma maison. Bref, je vais parler de Mother !

A une époque où les femmes sont « libérées » (même si c’est pas si facile ; génération X bonjour à toi), où leurs droits ne sont plus remis en question, une notion reste cependant encore floue lorsque se pose le thème de la maternité associé à la question de la « bonne mère ». Bonne, trop bonne, absente, folle. Mais c’est quoi la « bonne mère » exactement ?

Heureusement le septième Art – le film Mother ! en particulier – et aussi un peu Crossovor, t’apportent des réponses.

Mother ! parle et montre à quel point il n’est pas toujours facile d’être une bonne mère à notre époque.

Quand j’ai enfin eu fini d’endormir mon dernier qui réclamait des fraises Tagada à 1h38 du matin, je me suis posée et j’ai repensé à ce film. Et c’est pour ça qu’entre deux biberons et une migraine carabinée, je me suis mise à la place du personnage de Jennifer Lawrence et me suis rappelée à quel point j’étais une maman de ouf dans le film Mother !.

Être une bonne mère, même sans enfant, au cinéma - Vol. I - Mother ! "La course à l'éphémère"
Amenez- vous si vous voulez m'empêcher d'être mère ! - ©Paramount pictures

Au début je n’avais pas d’enfant mais… Je désirais follement en avoir un et me voyais naturellement en mère parfaite. Dans Mother !, je suis jeune, belle et je déploie une énergie folle pour cette foutue baraque que mon cher mari a absolument tenu à garder alors que l’année d’avant elle n’était qu’un tas de cendres (je ne sais plus si c’est sa belle-mère ou son cousin par alliance qui était le pyromane).

Pour ça, j’ai multiplié les petites attentions envers ledit mari – un vrai poète à l’égo surdimensionné celui-là – que je prenais soin de ne jamais contrarier et pour qui je mitonnais de bons petits plats.

Aparté pour moi-même : c’est dingue, dans Mother !, Madame s’acquitte de tout ça sans jamais sortir de la maison pour faire les courses, tandis que toi tu fais l’ouverture de Carrouf en crocs et survêt pour pouvoir profiter de la promo sur les coquillettes.

Penser bébé c’est bien, mais faire de sa maison le parfait foyer de cette future maternité c’est mieux. Il fallait ensuite provoquer la chose pour s’assurer de la future venue au monde du loupiot. Ce n’est qu’après zéro réaction à mes suggestions que le mode « baise-moi » (sic) s’est activé face à mon cher et pas super tendre. Résultat : Bonne Mère et Foyer 1 – 0 Mari Ego 

La bonne mère est aussi et avant tout une hôte adaptable, sans personnalité et qui cuisine et prépare des chambres à tout va pour des inconnus qui débarquent à la maison. Elle reste inexpressive au possible même quand on lui demande qui elle est… dans sa propre maison.

NB : Au passage, et dans ma vraie vie, débarque chez moi sans ton invitation et tu vas voir si je lâche pas Pupuce pendant que je sors la batte du placard !

Être une bonne mère, même sans enfant, au cinéma - Vol. I - Mother ! "La course à l'éphémère"
Mon Foyer, mon Précieux - ©Paramount pictures

Les 9 mois de grossesse sont passés très vite. La maison commençait à ressembler à quelque chose et la chambre de bébé était déjà prête à l’accueillir. En parallèle, cet empaffé de mari a connu un succès inattendu avec son dernier bouquin ! En quelques instants, ce ne sont plus quelques invités surprise qui sont arrivés, mais une horde de journalistes et fans hystériques. J’ai même cru apercevoir des armes, des gens qui se tapaient dessus puis une installation comprenant une prison et des barricades. Pas tout compris, mais je m’en rappelle quand même parce que c’est à ce moment-là que j’ai perdu les eaux.

Si je suis et reste une bonne mère c’est parce que je l’ai porté pendant 9 mois et l’ai mis au monde en hurlant à la mort au milieu d’une guerre en terrain pourtant connu (ma maison). Oui c’est bien moi qui ait bravé napalm, barbelés et anarchie pour mettre au monde ce gosse sous les bombes ! Toi tu te serais fait crever par le premier milicien qui passait par là ou assommé par les terroristes qui rampaient à tous les niveaux de mon foyer.

Être une bonne mère c’est aussi admettre que vous avez peut-être réussi pour le bambin, mais niveau conjoint vous avez été monstrueusement nulle.

Mon cher et tendre époux réussit donc à écrire un bouquin (la belle affaire !). Le succès et les fan(atiques) aidant, il s’est mué peu à peu en un énorme semblant de Dieu. En faisant passer son gros ego foireux et sous couvert d’un geste de partage universel, il n’a donc rien trouvé de mieux que de me voler le bébé ! Résultat, un moment d’inadvertance et tu vois ton nouveau-né s’envoler. Tu le suis à la trace puis tu le perds au milieu d’une foule déchaînée et possédée.

Alors quand, enfin, tu arrives au bout du chemin et que tu ne retrouves que des morceaux, c’est toi qui devient possédée. Tu sens monter en toi une violence – jusqu’ici insoupçonnée – et tu laisses éclater la rage. Tu imagines différentes façon de faire souffrir tous ces gens en transe et au regard vide qui squattent depuis trop longtemps ta maison. Tu leur en veux à mort, et c’est tout ce que tu leur souhaites; la mort. Là où le bât blesse c’est quand tu réalises qu’ils sont plus nombreux que toi (200 contre un, au bas mot).

J’ai préféré hurler à la mort et tout envisager. Tout plutôt que de ne plus pouvoir être LA matrice. Et si moi on ne me permet pas le talc, les couches et le vomi de bébé, alors je ne permettrai pas à tous ces dégénérés  amassés sous mon toit de rester en vie ! Ni eux, ni moi non plus du coup (à quoi bon maintenant ? La rage au ventre retombée il ne me reste que l’envie de ne plus être).

C’est précisément à ce moment que j’ai mis le feu aux poudres et fait exploser la chaudière. Fin de mon foyer, fin de l’histoire.

Être une bonne mère, même sans enfant, au cinéma - Vol. I - Mother ! "La course à l'éphémère"
Et ça a pondu un livre pendant que moi j'accouchais sous les bombes - ©Paramount pictures

Souviens-toi, être une bonne mère – THE Mother ! –  même sans enfant c’est possible. Etre une bonne mère c’est braver l’impossible violence dans ce que tu croyais être ton confortable foyer et ne pas devenir folle même quand il n’y a précisément plus d’enfant. Et être une bonne mère, même quand tu n’as plus d’enfant, c’est possible, et en faisant du bruit c’est encore mieux.

Partager.

Laisse une réponse