Créatrice : Clémence Dargent, Martin Douaire
Produit par : Montebello Productions, Canal+
Actrices et acteurs principaux : Melvil Poupaud, Michel Vuillermoz, Géraldine Pailhas
Mon plat préféré : la fricadelle
Années de diffusion : 2021-2022
Où la voir : Canal+
Synopsis officiel : 1978. Didier Mathure, brillant ingénieur spatial, voit son rêve partir en fumée lorsque sa fusée explose au décollage. Il est immédiatement muté à la tête d’un bureau d’enquête spécialisé sur les ovnis géré par une équipe qui donne effectivement l’impression de vivre sur une autre planète. Sa mission : trouver des explications scientifiques aux apparitions de soucoupes volantes qui défraient la chronique. Une punition pour cet ultra-cartésien qui n’a qu’une envie en tête : se tirer de là au plus vite. Mais un événement extraordinaire va bouleverser ses certitudes, et lui ouvrir les portes d’un monde où plus rien n’est impossible.
D’un point de vue objectif, je ne peux rien reprocher à la série ovni(s) que je qualifierai « de qualité », ce pour plusieurs raisons. Sinon, je ne regarderai pas la seconde saison.
Didier Mathure est ingénieur spatial au CNES (Centre national d’études spatiales). La série s’ouvre sur le lancement de la fusée Cristal, projet dont Didier est le principal instigateur. Après quelques minutes, la fusée explose. Dès lors, Didier devient le responsable de ce qui apparaît comme une bourde professionnelle. Son chef, pour le sanctionner, le pousse au GEPAN (groupe d’étude des phénomènes aérospatiaux non-identifiés), une unité spécialisée dans les événements inexpliqués.
Scientifique émérite épris de logique et de rationalité, Didier Mathure tombe des nues lorsqu’il découvre ce qui va constituer son unité de travail pour les prochains mois : un bureau encombré de dossiers non élucidés par manque de temps, des collaborateurs « bras cassés », mais surtout un espace où tout ce qui était alors impossible à concevoir en termes de rationalité scientifique devient une réalité potentielle que ses nouveaux collègues prennent au sérieux.
Bien qu’un peu déboussolé, Didier va se prendre au jeu et démontrer qu’avec toute sa logique et son abnégation, il pourra prouver et expliquer ce qui semble, au premier abord, inexplicable. Dès lors, le scientifique fait le job et démontre, notamment, comment les multiples apparitions et phénomènes observés par l’homme sont en réalité des canulars ou des situations tout à fait banales et compréhensibles par la voie de la logique et du raisonnement scientifique. C’est ce qui est intéressant à double titre.
D’abord cela permet de découvrir cette étrange équipe de travail qui, s’engageant sans jamais avoir d’à priori, relève tous les défis de terrain et de découvertes inexpliquées. En pleine nuit par exemple, Rémy, le jeune collègue féru d’informatique, est pris de frénésie lorsqu’il est prévenu de l’apparition d’une soucoupe volante lumineuse ! Soucoupe qui se révèle finalement être une boule à facettes géante égarée par un transporteur.
Véra, la préposée aux appels téléphoniques est une allumée, une vraie, mais à l’esprit ouvert et bienveillant. Vera possède cette innocence et cette patience qui font d’elle la parfaite interlocutrice face aux personnes prenant pour des ovnis tout ce qui leur passe sous les yeux : presse agrume, boomerang, parapluie. On est immédiatement pris de sympathie pour elle.
Quant à Marcel, c’est un vieux de la vieille, sérieux et travailleur. Il fait son métier et prend vraiment très à cœur tout ce qui a trait à ce dernier, du terrain jusqu’aux comptes rendus administratifs tapés à la machine.

Ensuite, Ovni(s), c’est l’occasion de mettre au premier plan le travail d’investigation et l’observation scientifique. Grâce à la série, j’ai pu parcourir les campagnes et petites bourgades françaises en écoutant les histoires de ces habitants qui veulent absolument trouver une explication à ce qu’ils ont « vu ».
La proximité avec les populations se fait naturellement et cela donne parfois lieu à des situations cocasses. Didier, notre scientifique par exemple, n’hésite pas à aller sur le terrain faire une brillante démonstration de physique quantique devant un groupe de villageois incrédules, avec l’aide de son collègue et d’un carton au beau milieu d’un champ (Ah l’expérience du chat de Schrödinger !).
En réalité, il en ressort une chose infiniment agréable et qui n’est pas évidente au premier abord lorsque l’on visionne la série : internet et les nouvelles technologies n’existent pas. Tout se fait par voie orale, téléphone (fixe), télégramme ou courrier. Et alors que Ovni(s) traite ici d’un sujet hautement scientifique (ou quasi), on est hors de cette sphère virtuelle aujourd’hui omniprésente. Dans cette série où l’on aimerait trouver de l’irrationnel, tout est palpable, explicable et bon enfant. On voit des scientifiques gratter le papier et se triturer les méninges loin d’une quelconque intelligence artificielle pour expliquer des faits inexplicables. Et ça, ça change. On respire et ça fait du bien ! (Personnellement, j’appelle ça la déconnexion).
Cette série, c’est aussi une vraie plongée dans la fin des années 1970 en France. J’y ai retrouvé l’insouciance de l’époque par le biais de fumeurs qui enchaînent clope sur clope dans tous les lieux publics, l‘activisme et les bobos dont les looks n’ont d’égal que leurs idées nouvelles et tournées vers nos amis venus de l’espace. En termes de décors et d’ambiance, j’ai surfé sur une vague vintage bien agréable et décalée. Les esprits sont ouverts même si paradoxalement on observe quelques commentaires sur les (in)égalité hommes/femmes.
Il y a de vrais moments drôles et bien ficelés dans Ovni(s). J’ai adoré Marcel qui, pour venir en aide à Didier, revêt le costume d’Hippolyte (mais si, le cousin de Casimir, dans l’île aux enfants), ou encore Véra, qui, pour faire revenir un souvenir au témoin d’un phénomène paranormal, lui verse un arrosoir sur la tête tandis qu’elle est perchée sur une chaise.

Oui mais voilà, la série a fini par irrémédiablement me perdre.
Les premiers épisodes mettent un peu de temps à me mettre dans l’ambiance, et une fois celle-ci bien établie, je me perds dans l’accumulation d’éléments hétéroclites qui ne cessent de s’insérer dans la série. J’ai vraiment apprécié le personnage de Didier Mathure, et, je le redis, on est dans l’empathie la plus totale avec lui et son équipe. C’est très frustrant d’espérer et de chercher des indices avec des personnages à qui vous vous êtes vite attachés. Leur recherche incessante de vérité(s) aura été finalement trop longue pour me garder en haleine jusqu’au bout. 12 épisodes qui m’auront fait espérer l’impossible en matière de surnaturel, mais vite déchanter aussi. C’est très décevant. J’en ressors juste avec une sensation de trop plein d’informations et pas grand-chose au bout.
D’autant que d’autres éléments viennent interférer avec les recherches de nos héros : l’armée, les scientifiques d’autres pays, le KGB, la famille de Didier… et que je peine encore aujourd’hui à trouver le fil. Quand bien même et en me concentrant, j’ai dû encore attendre d’autres éléments que la série tente de mettre en avant, comme pour brouiller les pistes davantage. Les comiques de situations se multiplient mais finissent par ne plus trouver écho en moi. Et c’est bien de cela dont il s’agit. Inconsciemment, j’aurai aimé enfin trouver la réponse aux divers événements métaphysiques trouvés par l’équipe du GEPAN, quitte à ce que ce soit rationnel (encore une fois) ou pas (et alors je donnerai cher pour voir la tête d’un scientifique pur et dur comme Didier !).
Mais non. Je me suis souvent trouvée dos au mur, ou plutôt en face de faits dont l’explication peine à émerger de manière claire. Là où j’attendais quelque chose de subtil, des liens entre les éléments observés, Ovni(s) est obligé de constamment créer du sens et donner les explications, comme si la série cherchait à maintenir mon attention alors même qu’elle m’a déjà perdue en chemin depuis longtemps.

Ovni(s) restera donc pour moi un pur plaisir scénaristique et fantaisiste, ancré dans une génération que l’on pourra qualifier de « vintage » et qui, de ce point de vue, se démarque d’un grand nombre de séries françaises aujourd’hui. Pour autant, je ne visionnerai pas la seconde saison. La première m’aura suffit en tant que récréation visuelle, mais pas en tant qu’expérience insolite et inoubliable.