Réalisateur : Dan Trachtenberg
Scénaristes : Patrick Aison, Jim Thomas
Actrices et acteurs principaux : Amber Midthunder, Dakota Beavers, Dane DiLiegro
Mon Predator préféré : celui de 1987
Date de sortie : 5 août 2022
Où le voir : Diney +
Synopsis officiel : il y a trois siècles sur le territoire des Comanches, Naru, une farouche et brillante guerrière, se fait désormais un devoir de protéger sa tribu dès qu’un danger la menace. Elle découvre que la proie qu’elle traque alors n’est autre qu’un prédateur extraterrestre particulièrement évolué et doté d’un arsenal de pointe des plus sophistiqués. Une confrontation aussi perverse que terrifiante s’engage bientôt entre les deux adversaires.
Après le Predator originel de 1987 avec Schwarzy et ses trois suites, le cinquième volet de la franchise nous propose la même bébête, mais transporte celle-ci au 18ème siècle, en plein territoire Comanches, au Sud des Etats-Unis. Il fallait y penser ! Predator dans un nouveau décor, ça change toute l'histoire et ça peut donner lieu à des scénarios originaux. D'ailleurs, j'en ai déjà écrit quelques-uns…
Ce qui est bien avec Predator, c’est qu’on voyage. En 1987, Schwarzy jouait le militaire de service en pleine forêt guatémaltèque face à un Predator farceur et inédit dans son genre (évidemment c’était le premier qu’on découvrait). Trois ans plus tard, un autre Predator atterrissait à Los Angeles. Chaleur torride, guerre entre cartels, c’est un tout autre scénario qui s’installait ici et mettait en avant le lieutenant Harrigan (Dany Glover) au prise avec un Predator qui avait décidé de changer de terrain de chasse et faire dans le quantitatif. En 2010 : il faut désormais évoquer des Predators et prendre un aller simple pour visiter une planète qu’ils ont décidé d’utiliser comme terrain de chasse. Bien évidemment, les chassés sont des humains. Enfin, en 2018 sortait « The Predator », un quatrième volet moins pittoresque puisque nous étions de retour sur Terre, au Mexique plus précisément.
En 2022, Dan Trachtenberg nous livre un cinquième opus : Prey. Certes, le lien est possible avec les autres « Predators », mais la particularité du film réside en un retour en arrière. Contrairement aux autres volets qui peuvent tous se concevoir fin 20ème/début 21ème siècles, Prey innove et plante son décor au début du 18ème siècle, dans une tribu comanche.
La particularité du Predator réside alors dans ses capacités de l’époque. Même si j’ai trouvé que technologiquement parlant c’était parfois discutable, le réalisateur a su créer un bipède dont les capacités, notamment technologiques, sont un tout petit peu en-dessous de celles qu’on lui attribue généralement : un langage guttural et une boîte à sons qui lui permet d’enregistrer et restituer les voix humaines, le « camouflage » façon cascade, la vision infra-rouge optimisée, la faculté à évaluer le degré de menace d’une créature … Ce qui laisse penser que ce Predator originel a évolué et fait évoluer sa technologie et son système d’armement personnalisé. Dans Prey notamment, son célèbre rayon laser actionné directement via son casque n’en est encore qu’au stade expérimental : celui- ci nest pas encore le canon mortel que l’on connaît, mais trois fléchettes téléguidées en mode Guillaume Tell.
Enthousiasmée par ce changement d’environnement, je me suis prise au jeu et j’ai imaginé Predator débarquer à l’improviste dans d’autres types d’environnements. Je t’explique.

L’imagination au pouvoir
Et si Predator débarquait en plein mai 68 en France ? Il découvrirait des êtres issus d’une même espèce qui se battent entre eux à coups de matraques et d’affiches de propagande. Et alors là, vas-y pour trouver lequel représente la plus grande menace.
Petite créature fraîchement débarquée sur Terre, tu aurais été ballotté et bousculé par de jeunes chevelus enragés, et des CRS zélés et tristounes. L’UNEF, menée par Daniel Cohn-Bendit, t’aurait envoyé un cocktail molotov, ou pire, un pavé, tandis que la police t’aurait repoussé à l’aide de ses boucliers anti-émeute, déjà très avancés pour l’époque (pas comme le tien), et gaz lacrymogènes décidemment trop irritant pour tes yeux jaunes. Sous les pavés d’ailleurs, tu n’aurais pas trouvé la plage, mais bien les barricades, celles qui t’auraient définitivement piégé par étouffement-ensevelissement et privé de tes chances de nous égorger les uns après les autres. Mon pauvre Predator, tu n’aurais rien compris. Reste que ce scénario, au demeurant fort sympathique, est peu probable pour une raison simple : la météo. Predator aime plutôt les environnements chauds, et à Paris, pour mémoire, le 20 mai 1968, il est tombé 122 mm de pluie en 24 heures.

Besoin d'un passe- montagne ?
Tu serais donc sans doute revenu aux sources, dans une civilisation plus proche de celle rencontrée dans Prey, et surtout dans une zone plus chaude. Ainsi, c’est au 16ème siècle que tu découvres les Incas de Llullaillaco dont les rites et coutumes sont tellement proches de tes habitudes. En France, ils se tapaient dessus, mais chez les Incas, on passe directement au sacrifice humain. Il faut dire que les Incas ont toujours voulu assurer leur réputation et faire bonne figure auprès des autres peuples. A part que là aussi, tu te prends un vent. Car tu as beau être Predator et très endurant, il y a des limites. Gravir le volcan Llullaillaco, et se retrouver en haute altitude quand on n’a pas de coca* sur soi, c’est tout de même ballot. Très vite, tu as le mal des montagnes et tes remèdes n’y pourront pas grand-chose, tout avancés qu’ils sont. Tu as bien prévu les plaies ouvertes et autres triples fractures, mais avoir la nausée à 6000 mètres d’altitude c’est autre chose !
Atterrir directement en haut et les attendre ? C’est tellement escarpé que tu n’aurais pas pu te poser avec ta soucoupe, certes, ultra sophistiquée, mais un tantinet encombrante. Tu aurais donc dû gravir et escalader un environnement volcanique peu accueillant, à pattes, sans parler du matériel à transporter et de la logistique à mettre en place pour ton ascension.
Si malgré tout, tu étais arrivé au sommet, qu’aurais-tu constaté ? Simplement des Incas en plein sacrifices d’enfants avec pour seules armes des baumes, des bandages, un peu d’alcool et un chouïa de substances hallucinogènes. Quel intérêt à rester sur place quand ta vision infra rouge te signale zéro menace ?

Sans tambour ni trompette
C’est enfin en pensant, cette fois, à un réel degré de danger, que tu te rendrais au Japon pour affronter tout un vrai arsenal au complet durant la Seconde Guerre mondiale. Chars, tanks et autres mitrailleuses. Tu en salives déjà et te vois déloger de leur gros engins ces humains trop sûrs d’eux et de leur attirail. Tu débarques donc au début du mois d’août 1945 à Hiroshima, région montagneuse et chaude – ton environnement de prédilection – mais tu n’as pas vraiment le temps de profiter de tes vacances que tu entends et remarques dans le ciel un avion. Ta supervision ne le perçoit pas comme une menace dans un premier temps puisqu’il ne fait que voler. Par contre, ce qu’il lâche juste au-dessus de la ville t’inquiète beaucoup plus.
Dans ce cas présent, Predator peut être directement atomisé s’il se tient plutôt au niveau du centre-ville. Ou, en admettant que Predator se soit, comme à son habitude, dégoté un coin sympa un peu en hauteur et lui permettant d’assurer sa solitude, il échappe peut-être à l’inéluctable. Par contre, on sait combien les dégâts furent nombreux et brutaux, ce à des kilomètres alentour, et malgré la protection que purent constituer les bâtiments et/ou différentes structures. Il y a donc énormément de chances que Predator ne s’en sorte pas bien et reparte avec des brûlures au troisième degré. On ne savait pas quels seraient réellement les effets côté militaires et scientifiques (sauf à être au plus près), alors Predator qu’est-ce qu’il en saurait et comment aurait-il pu le prévoir ?
Bon, en réalité, la seule hypothèse valide qui me vient à l’esprit et qui donnerait un truc sympa, ce serait un affrontement Predator versus Avengers (oui parce que Alien a déjà été sollicité deux fois). Mais on ne changerait plus d’époque et l’action aurait de fortes chances de se dérouler aux Etats-Unis. Ah et puis, surtout, les Avengers ne font toujours pas partie de la grande Histoire de l’Humanité..
Heureusement, il reste plein de possibilités pour que Predator s’éclate tout en pouvant se remettre en question. Car voyager c’est aussi adopter une certaine philosophie de vie.
Bien entendu, si tu as d’autres propositions, n’hésite pas à venir m’en parler. On fera un courrier au futur réalisateur ensemble.
*La coca (et non le coca) est une plante d’Amérique du Sud, notamment connue pour ses propriétés dopantes. En mâchouiller en haute altitude permet de mieux supporter celle-ci.