Créateur : Masami Kurumada
Produit par : Toei Animation
Mon Chevalier d’or préféré : Shaka de la Vierge
Années de diffusion : 1986-
Où la voir : Support physique
Synopsis officiel : Un groupe de Chevaliers, chacun portant l’armure d’une constellation, protège la réincarnation de la Déesse Athéna contre les forces du mal.
Alors que la bande-annonce de l'adaptation en live action des Chevaliers du Zodiaque m'a donné envie de me pencher à nouveau sur le cas de Shun dans la série animée produite par Netflix, il a fallu que Vincent Cassel y aille de sa petite phrase à son tour.
Quoi ? Vincent Cassel en est venu à parler des Chevaliers du Zodiaque ? Quand ? Comment ? Pourquoi ? Quel est son Chevalier d’Or préféré ? Minute, vil méchant de Nicky Larson, non l’acteur français n’a pas enfin avoué sa passion pour les météores de Pégase, mais il a récemment donné une interview pour The Guardian dans le cadre de sa nouvelle série, Liaison. Une interview où il s’est laissé aller à sa vision de la masculinité, déclarant que « si les hommes deviennent trop vulnérables et trop féminins, je pense qu’il va y avoir un problème. »
Évidemment, il n’en fallait pas davantage pour épingler le comédien sur les réseaux alors qu’il a raison ; un vrai bonhomme, on sait tous que ça soulève d’la fonte, que ça mange de l’écureuil au p’tit déj’ et que ça n’pleure pas d’vant Titanic. Marre des trucs de gonzesses.
Plus sérieusement, cette petite phrase tombe à pic pour un sujet qui me retourne l’orteil depuis un moment : le traitement de Shun dans la version animée de Netflix de Saint Seiya (nom original des CDZ, suis un peu).

Shun est, dans le manga de Masami Kurumada, un Chevalier à l’apparence androgyne, portant l’armure rose d’Andromède (femme de la mythologie grecque). C’est également un garçon sensible qui répugne à faire acte de violence. Contrairement à ses camarades, il préfère trouver une solution pacifiste que faire couler le sang inutilement. On pourrait rajouter qu’il pleure beaucoup, mais comme tous ses copains chialent constamment aussi, ce n’est pas pertinent. Bref, sur l’échelle Vincent Cassel, ce n’est pas un bonhomme.
Autant te dire qu’avec un traitement qui sort de la représentation classique du héros viril dans la pop culture, il en a laissé plus d’un perplexe ; à tel point que même les comédiens de doublage français s’y sont trompés à l’époque de l’arrivée de la série animée des années 80 et que Shun était doublé par une femme avant que l’erreur soit rectifiée.
Shun, un homme enchaîné ?
L’adaptation de Netflix a commis tellement d’injures envers Les Chevaliers du Zodiaque qu’on se demanderait presque si l’intention première n’était pas de tout simplement déposer des excréments directement dans la bouche des fans. Mais s’il y en a bien une qui me donne envie de dire à Liam Neeson que les producteurs de la série ont kidnappé sa fille, c’est l’insulte faite à Shun.
Avec la meilleure volonté du monde, c’est-à-dire celle qui s’appelle marketing, le show a décidé d’amener plus de représentativité dans ses personnages en intégrant parmi les cinq héros originaux une femme. De quoi plaire sûrement à la journaliste du Monde qui se plaignait de cette absence dans Captain Tsubasa (Olive et Tom); tu sais, le manga traitant littéralement de garçons jouant au foot… Ici, on pourrait leur répondre que Seiya a été entraîné par une femme et que Saori n’est rien d’autre qu’une véritable Déesse. Mais oui, faisons comme s’il n’y avait pas assez de personnages féminins forts dans Les Chevaliers du Zodiaque. Et forcément, qui est passé par la castration ? Shun.

Le scénariste s’en est évidemment défendu, parlant du souci d’évoluer avec son époque et autres justifications bancales. Sauf que ce n’est finalement pas tant le choix d’un changement de sexe qui dérange au fond, mais QUI en a fait l’objet.
Changer le sexe de Hyoga ou Shiryu aurait provoqué évidemment des colères similaires des fans, néanmoins ces choix auraient eu le mérite d’une certaine neutralité. Parce qu’en s’attaquant au seul protagoniste portant une armure rose et doté d’une sensibilité prononcée, la série de Netflix ne fait que perdurer le cliché que ces attributs sont naturellement féminins. Ici, LE scénariste (le genre de l’auteur ayant peut-être eu une importance inconsciente dans la décision…) n’envoie qu’un seul message : un homme qui assume sa vulnérabilité ne peut pas exister. Il ne restera donc que des hommes virils et une femme.
Il m’est inutile de me lancer dans un argumentaire démontrant que la nature masculine n’a rien à voir avec cette idée dépassée tant quelqu’un l’a fait bien mieux que moi et ce, à une époque encore plus lointaine et plus en raccord avec le thème de ce site : Kurumada lui-même.
Parce qu’en lisant le manga original, on comprend que l’auteur mettait déjà à mal cette vision toxique de la masculinité. Lorsque le frère de Shun, Ikki, revient avide de vengeance, il le renie à cause de cette prétendue faiblesse. Bien mal lui en a pris puisqu’on apprend plus tard que non seulement l’entraînement de Shun n’avait rien à envier à l’enfer vécu par Ikki, mais que lorsque ce “faiblard” libère sa puissance, il ne craint aucun adversaire. Cerise sur le Chevalier, notre héros sert également d’enveloppe corporelle pour l’âme d’Hadès, mais sa bonté naturelle empêchera le Dieu de prendre entièrement possession de lui et mettra un arrêt à ses plans démoniaques. Autrement dit, Shun ne mange peut-être pas d’écureuil au p’tit dej, mais question bonhomme il les enterre tous.
Et si on accepte que notre sensibilité, notre vulnérabilité, font de nous de meilleurs hommes, alors on comprend facilement pourquoi Cassel et les producteurs / scénaristes de la série Netflix n’ont que le mâle en tête.