Réalisateur : Andy Muschietti
Scénaristes : Christina Hodson et Joby Harold
Actrices et acteurs principaux : Ezra Miller, Sasha Calle, Michael Keaton
Mon sandwich préféré : le jambon-emmental
Date de sortie : 14 juin 2023
Où le voir : au cinéma
Synopsis officiel : Les réalités s’affrontent dans THE FLASH lorsque Barry se sert de ses super-pouvoirs pour remonter le temps et modifier son passé. Mais ses efforts pour sauver sa famille ne sont pas sans conséquences sur l’avenir, et Barry se retrouve pris au piège d’une réalité où le général Zod est de retour, menaçant d’anéantir la planète, et où les super-héros ont disparu. À moins que Barry ne réussisse à tirer de sa retraite un Batman bien changé et à venir en aide à un Kryptonien incarcéré, qui n’est pas forcément celui qu’il recherche. Barry s’engage alors dans une terrible course contre la montre pour protéger le monde dans lequel il est et retrouver le futur qu’il connaît. Mais son sacrifice ultime suffira-t-il à sauver l’univers ?
À l'occasion de la sortie de The Flash, j'avais envie de revenir sur LE principal argument marketing du film : le retour de Michael Keaton sous le masque de Batman. Non pas pour critiquer le métrage lui-même (je ne l'ai pas vu), mais pour expliquer pourquoi je pense que c'était une mauvaise idée.
Comme toute une génération, j’ai grandi avec l’image burtonienne de Batman ; bien que j’avais encore l’âge de manger du sable quand Le défi (ou Returns), le deuxième et dernier volet signé Burton sortait en 1992. C’est donc logiquement que, et désolé pour les fans de Christian Bale, dans ma cinéphilie, Michael Keaton restera toujours associé au Chevalier Noir. Mais le temps a fait son œuvre, les interprètes du Dark Knight se sont succédés avec plus ou moins de succès (Ben Affleck, meilleure incarnation du justicier) et Keaton lui-même se débarrassait de sa légende dans le cathartique Birdman d’Iñárritu. Le passé est passé comme dirait Elsa. Puis vint The Flash.
Rien que la sortie en salles du film d’Andy Muschietti tient de l’exploit. Le super-héros écarlate a réalisé une véritable course d’obstacles pour atteindre le grand écran. L’un des derniers survivants de feu le « Snyderverse » a dû affronter de multiples changements de scénaristes, de réalisateurs, des dates de sortie repoussées encore et encore (il devait sortir en mars 2018 aux États-Unis à l’origine) et une star principale ingérable, au casier judiciaire de plus en plus fourni. Un bon gros tas d’ennuis qui justifie à lui seul qu’on ait une furieuse envie de jeter un œil au produit fini, afin de voir si le jeu en valait la chandelle. Et pas pour le retour du Batman de Keaton ? Pas pour le retour du Batman de Keaton.

Parce que je dois m’excuser auprès des marketeux de Warner Bros., ils ont beau m’avoir balancé un million de visuels, de vidéos promos autour de celui qu’on n’a pas vu depuis 31 ans sous le costume (éclipsant quasiment le bolide tête d’affiche), l’effet ne marche pas.
Le fan-service bête et méchant
J’en parlais dans un précédent article consacré au fan-service dans Super Mario et Donjons & Dragons, mais les studios sont passés maîtres dans l’art de brosser notre nostalgie dans le sens du poil. Le succès des films jouant dessus ne ment pas, il semble qu’on apprécie moins la nouveauté qu’une version remâchée de ce qu’on connaissait déjà, peut-être pour le côté rassurant de la chose, on se réfugie dans nos souvenirs. J’en sais rien, je ne suis pas psy.
Toujours est-il que ce n’est pas anodin si, en adaptant l’arc Flashpoint de la mythologie du super-héros et sa réalité alternative, les scénaristes de The Flash ont remplacé le Thomas Wayne des comics par un Bruce Wayne vieillissant incarné par… Michael Keaton. Les bandes-annonces ne mentent pas : même costume, mêmes répliques et un gros, gros usage d’une doublure numérique. Le Batman de Burton version 2023 est là.
Si on prend en compte la présence de Ben Affleck, le film va donc tenter le pari très facile de draguer à la fois les fans du Snyderverse et les fans du Batman original. Pourra-t-on également compter sur la présence de Christian Bale, George Clooney voire Val Kilmer ou Robert Pattinson en clins d’œil encore cachés ? Peut-être.

Le réalisateur lui-même a déjà tranquillement dévoilé un énorme caméo en amont de la sortie (que je ne révélerai pas), symptôme d’une production qui n’a absolument pas confiance dans son œuvre et qui préfère mettre toutes ses forces dans les appels du pied racoleurs. Et pour assurer ses arrières, on a même fait appel à Tom Cruise ou à Stephen King pour déclarer ô combien ce film va tout changer.
Michael Keaton dans Batman Beyond ?
Personnellement, l’annonce du retour de Keaton en Batman, y compris dans le film (désormais effacé des serveurs de Warner) Batgirl, ne m’a jamais enthousiasmé. Avais-je envie de revoir un acteur de 71 ans renfiler un costume pour qu’une doublure numérique le remplace à chaque scène d’action ? Pourquoi prendre le risque de gâcher le personnage de Tim Burton en l’incorporant dans un univers qui n’a jamais été le sien ? J’aime profondément le justicier de 1989 et 1992 et une fois que le moi adolescent aura souri au moment où il réapparaîtra dans The Flash et que Warner se repaîtra de mes souvenirs en comptant la machine à billets, que restera-t-il de son héritage ? Michael Keaton n’est plus Batman, il avait tourné la page, aucune raison de la rouvrir. À moins que.
Parce que si tu as été attentif, je ne trouve aucun intérêt au retour de Keaton en Chevalier Noir, mais je n’ai jamais dit que je ne souhaitais pas le revoir en Bruce Wayne. La nuance est importante. Elle est importante parce que si l’acteur n’a plus l’âge de porter le costume, il pourrait incarner un solide Bruce vieillissant. Il n’aurait pas perdu son sens de la justice, mais désormais incapable d’aller sur le terrain, il serait obligé de chapeauter à distance un remplaçant. Cela ne te rappelle rien ?
Eh oui, c’est le cœur de la série animée Batman Beyond (ou La Relève en France) créée par Bruce Timm, Paul Dini (les papas d’Harley Quinn) et Alan Burnett. En 2040, Bruce a raccroché depuis 20 ans lorsqu’il fait la rencontre du jeune Terry McGinnis. Tombant par inadvertance sur la Batcave, l’adolescent va enfiler le nouveau costume technologique du Justicier aux grandes oreilles tout en suivant les conseils de son mentor.
Un univers encore jamais abordé sur grand écran qui légitimerait la présence de Keaton tout en nous offrant une nouvelle version inédite de Batman avec un autre personnage sous le masque, des méchants jamais vu et une histoire d’héritage et de renouveau ? Beaucoup de licences ont déjà tenté l’expérience avec plus ou moins de réussite (Creed, SOS Fantômes, Scream, Jurassic World…), mais il suffit de regarder quelques épisodes de Beyond pour réaliser tout le potentiel cinématographique d’un tel projet au-delà d’être une énième opération marketing.
The Flash a voulu ressortir un Batman du placard, dommage, on y perd un excellent Bruce Wayne au sein d’un film qui, lui, aurait vraiment pu renouveler le Chevalier Noir.