Déroule-moi pour du blabla officiel

Réalisateur : George Miller
Scénaristes : George Miller & Augusta Gore
Actrices et acteurs principaux : Idris Elba & Tilda Swinton
Ma soupe préférée : Potiron
Date de sortie : 24 août 2022
Où le voir : Cinéma
Synopsis officiel : Alithea Binnie, bien que satisfaite par sa vie, porte un regard sceptique sur le monde. Un jour, elle rencontre un génie qui lui propose d’exaucer trois vœux en échange de sa liberté. Mais Alithea est bien trop érudite pour ignorer que, dans les contes, les histoires de vœux se terminent mal. Il plaide alors sa cause en lui racontant son passé extraordinaire. Séduite par ses récits, elle finit par formuler un vœu des plus surprenants.

Trois Mille ans à t’attendre est loin d’être génial (voilà, le jeu de mots c’est fait).

Je pourrais même dire que le film est nul, mais je vais me retenir pour ne pas fâcher Allan qui n’est pas du tout du même avis que moi

Mais c’est finalement pour ça qu’on a créé Crossovor avec l’idée que « chaque visionnage est une expérience personnelle » et donc subjective. Pour ma part, je peux clairement dire que cela faisait longtemps que j’avais si peu apprécié un film.

Pendant le visionnage j’en suis venue, moi aussi, à vouloir que mes vœux se réalisent pour rendre le film regardable. Dans cet article je t’expose les trois principaux parce qu’apparemment on n’a pas le droit de faire plus de 3 souhaits… Si, si Idris Elba le dit (et même Allan !)

Vœu numéro 1 :
Je souhaiterais que Trois mille ans à t’attendre tranche entre science et mythologie

Au début de Trois Mille ans à t’attendre, les scénaristes nous expliquent, par le biais d’une conférence, l’importance de la narratologie et des différentes croyances religieuses. Ce sont, en effet, elles qui ont façonné notre Histoire et permis de faire évoluer l’humanité (voir l’excellent article de Slate à ce sujet). Or, la conférence souligne également qu’avec le développement des connaissances scientifiques, ces croyances ont été reléguées au rang de mythologie.

On pourrait croire que le scénario décide donc de se ranger du côté de la science, du concret. Sauf qu’on s’aperçoit rapidement que le personnage principal (incarné par Tilda Swinton) est partagé entre notre monde et son imagination qui lui joue des tours. Elle a carrément des hallucinations et des bonshommes pas forcément très gentils viennent lui rendre visite. Elle va même jusqu’à s’évanouir en début de film à cause de ça.

C’est à ce moment que je me suis dit : « ça doit être ça d’être écrivain.e, avoir une imagination débordante qui te permet de cohabiter avec tes personnages pour pouvoir créer des univers de toute pièce ».

Or, plus le Trois Mille ans à t’attendre avance et plus George Miller insiste sur le fait que les hallucinations du personnage de Tilda Swinton sont à différencier de l’apparition du génie.

Trois mille ans à t'attendre
L’équipe Crossovor quand je leur annonce que j’ai détesté le film – ©MGM

En tant que spectateur, il faut donc se résigner à une nouvelle réalité : science et mythologie peuvent cohabiter ; autrement dit les génies existent dans notre monde, mais seule une poignée de personne peut ressentir leur présence et/ou aura la (mal)chance d’en rencontrer.

La conférence de début du film servirait donc au réalisateur d’introduction à ce qu’il tente de nous raconter, une sorte de : « vous pensiez que notre monde était comme ça, mais en fait non. »

Trois Mille ans à t’attendre pourrait ainsi être officiellement catégorisé comme fantaisiste… Mais c’était sans compter sa fin qui vient semer le doute !

L’héroïne principale serait-elle finalement en train d’imaginer le génie ? C’est ce qu’on l’on pourrait aisément croire lorsqu’on la voit griffonner des notes à propos de son nouvel ami, comme elle l’avait fait pour son compagnon imaginaire dans son enfance.

Mais alors quel est donc le message du film ? Le réalisateur ne tranche pas et nous ne savons pas si le personnage d’Idris Elba existe réellement… Loin d’être comme la fin brillante d’Inception, on reste clairement sur notre faim et Trois Mille ans à t’attendre serait alors :

  • soit un essai philosophique raté qui n’a pas su assez exploiter la dualité des concepts exposés lors de la conférence (science VS mythologie)
  • soit un film qui se veut purement fantaisiste et sans message philosophique, mais qui aurait pu donc s’épargner une conférence inutile pour aller à l’essentiel.

Vœu numéro 2 : Je souhaiterais que George Miller nous propose un génie bien mieux pensé

Franchement je ne sais pas depuis quand les 3 souhaits sont devenus une norme, mais j’aimerais bien comprendre pourquoi. Apparemment, une histoire autour du symbolisme de ce chiffre… Mais le film n’en dévoile pas plus, surement parce que le réalisateur n’a pas lui-même les réponses… On sait juste que c’est un personnage électromagnétique qui ne supporte pas les ondes de Londres et qui peut tomber gravement malade à cause de ça.

A quoi ressemblait sa vie à l’intérieur de la bouteille ? On ne sait pas. Concrètement, pourquoi est-il capable de changer d’apparence et d’assimiler de nouvelles langues rapidement ? On ne sait pas. Où s’éclipse-t-il lorsqu’il n’est pas à Londres ? On ne sait pas. Bref, à quoi ressemble son univers lorsqu’il n’est pas dans le nôtre ? Je répète, ON NE SAIT PAS. Et surtout la plus importante des questions : pourquoi a-t-il la paume des mains rouge ? Je ne sais pas, mais c’est moche et pas franchement bien fait. Je parierais donc que c’était juste dans le but de dire : « regardez il n’est pas un humain, il est différent, il a les paumes de mains rouges. »

Trois mille ans à t'attendre
L’équipe Crossovor à la lecture de mon article – ©MGM

Le génie de Trois Mille ans à t’attendre n’est finalement qu’un medley d’autres génies de films ou de la littérature, et très clairement George Miller n’a pas pensé son personnage en profondeur et ça se ressent. Bizarrement, Idris Elba ne transparaît que comme un personnage secondaire d’un scénario qui nous le vend comme le protagoniste principal.

Accessoire de sa propre histoire, le génie ne sert qu’à mettre en avant Tilda Swinton qui ne veut pas faire 3 vœux parce qu’elle a peur que ce personnage mystique l’arnaque. Celui-ci est donc obligé de lui raconter des histoires, pour expliquer comment il a atterri là. Un détour inutile. Il suffisait de faire comprendre à l’héroïne que c’était un deal gagnant-gagnant : elle demande ses souhaits et le génie peut enfin être libéré après 3000 ans d’attente… Facile, non ? Non.

George Miller préfère nous conter trois histoires toutes plus malaisantes les unes que les autres, et n’apportant absolument rien au scénario. Voilà la moitié du film de perdu… Une moitié qui aurait pu être exploitée pour développer l’univers du génie en dehors de notre monde et répondre aux questions auxquelles je n’ai pas les réponses !

Vœu numéro 3 : Je souhaiterais qu’on arrête de nous bourrer le crâne avec ces histoires fantastiques

Il y a une chose qu’on ne peut pas enlever à Trois Mille ans à t’attendre : sa capacité à nous faire réfléchir à notre propre vie. Et c’est parfois l’expérience que l’on peut rechercher au visionnage ou lecture d’une œuvre, mais dans mon cas bien personnel, c’était la goutte de trop.

En plein milieu du film, me voilà en train de répondre dans ma tête à la question que l’on peut voir sur l’affiche : « et vous, quels vœux feriez-vous ? ». Parce que l’héroïne a beau dire qu’elle n’a besoin de rien, moi je sais que j’aurais bien besoin de quelques trucs pour rendre ma vie plus facile et agréable.

C’est ainsi que me voilà partie dans une crise existentielle en me concentrant essentiellement sur ce que je n’ai pas ou ce qui pourrait être amélioré. Bref, si dans les bons moments je vois le verre à moitié plein, autant dire que là le verre était à moitié vide. Et pendant que j’étais sur mon siège en pleine crise, Tilda Swinton peine à faire des vœux. Et ça, ça m’énerve, elle a cette chance et ne s’en sert pas.

Trois mille ans à t'attendre
Allan (à gauche) après la lecture de mon article – ©MGM

Chose qui n’arrive jamais – parce que je veux toujours connaître la fin des films (même ceux que je n’aime pas) -, j’ai failli partir en plein milieu de la séance, parce que – comme je le dis plus haut – c’était la goutte de trop… Celle qui m’amène à mon vœu numéro 4…

Certes, j’avais dit 3 vœux, mais celui-ci annulerait les autres vœux et pourrait finalement être mon unique souhait.

Vœu numéro 4 : Ce que je souhaiterais vraiment de tout mon cœur c’est de ne jamais avoir vu le film.

Là, Allan est en train de planifier mon exécution parce qu’il me dit que ça fait 4 vœux et qu’il en a marre que je dénigre le film. Du coup on va s’arrêter là et je vais tenter d’oublier cette expérience. Pas facile, surtout que j’ai vu Trois Mille ans à t’attendre le jour du décès de la Reine; un jour qui restera longtemps gravé dans ma mémoire pour un tas de raisons personnelles que j’ai exposé dans un beau post Facebook (#stalkersjevousinviteàstalker).

https://www.youtube.com/watch?v=g5IdOfmHAYg

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